Chronique

Cosimo Boni

May Be (Unable to Return)

Cosimo Boni (tp), Daniele Germani (as), Isaac Wilson (p), Mats Sandahl (b), Jongkuk Kim (dm)

Label / Distribution : Fresh Sound Records

L’Italie est une terre de trompettistes comme nulle autre nation : Oscar Valdambrini, Guido Mazzon, Enrico Rava, Paolo Fresu, Pino Minafra, Flavio Boltro, Giovanni Falzone ont marqué diverses époques et les jeunes talents ne cessent d’éclore.
Cosimo Boni est représentatif de la nouvelle génération qui connaît l’histoire du jazz sur le bout des doigts. Joe Lovano ne tarit pas d’éloges à son sujet et avoue avoir été captivé par son premier album en leader May Be (Unable to Return).

Ce disque en quintet, publié par le label espagnol Fresh Sound New Talent, témoigne de la maturité de Cosimo Boni qui a longuement peaufiné ce projet à Boston durant ses années d’études au Berklee College of Music. Huit compositions se succèdent sans que l’unité structurelle en soit bouleversée. La musique s’épanche avec finesse : « As If It Were » en est l’illustration. Les ingrédients qui permettent d’atteindre une construction musicale extatique sont développés dans « Nice », que souligne le piano élégiaque d’Isaac Wilson, et « Question », où l’introspection du thème bénéficie des contrechants de la trompette et du piano. Le saxophoniste Daniele Germani est connu pour sa virtuosité qui lui a permis d’aborder diverses expériences musicales : il est tout autant à l’aise dans l’interprétation de Sequenza IXb de Luciano Berio qu’en compagnie de Dave Douglas. Il s’illustre dans cet album avec une sonorité intense à l’alto ; « Dunda », qu’il a composé, fait rejaillir son ingéniosité. L’esprit de Miles Davis transparaît par des échos du dernier quintet des années soixante dans « View of One » et avec les notes étirées des formations électriques des années soixante-dix dans le titre éponyme « May Be (Unable to Return) ». Tempus Fugit, comme l’aurait chanté Miles.

La découverte de cet album confirme la bonne vitalité du jazz acoustique incarnée par Cosimo Boni qui inscrit son nom sur la longue liste des trompettistes transalpins inspirés.

par Mario Borroni // Publié le 21 janvier 2024
P.-S. :