Chronique

Selma Savolainen

Horror Vacui

Selma Savolainen (voc), Tomi Nikku (tp, bugle), Max Zenger (anches), Toomas Keski-Säntti (p), Eero Tikkanen (cb), Okko Saastamoinen (dm)

Label / Distribution : Whirlwind

Voici une entrée en matière sans complaisance aucune, signée Selma Savolainen : son monde onirique n’entre dans aucune classification musicale et c’est tant mieux.

L’esthétique de Kurt Weill se manifeste allègrement au sein d’un « Speak Low » métamorphosé, et la réinterprétation du joyau de Billy Strayhorn « A Flower Is a Lovesome Thing » déborde d’une grâce délectable. Au-delà de ces balises, le disque emprunte des chemins tourmentés, la survivance surgit des profondeurs vocales de la chanteuse. Horror Vacui, symbole de l’agoraphobie, fait se succéder des climats sans cesse changeants frôlant la phobie. La détermination de la formation finlandaise qui épaule Selma Savolainen renforce la thématique sombre et hypnotique de l’album.

Tomi Nikku émerge de ces fables où le désespoir caresse l’agonie de la chanteuse. Son intervention magnifique à la trompette dans « So Loud » le classe d’entrée comme un soliste accompli. Les modulations lyriques de « Subjects I » étonnent par leur équilibre réussi entre expérimentation vocale et effervescence musicale : Selma Savolainen témoigne de sa lucidité cruelle. L’osmose irréprochable de cette formation permet à Horror Vacui de ne pas tituber ; le contexte harmonieux déployé dans « Haunted » affirme avec détermination un entrain expansif.

Telles des cicatrices à vif, les climats d’Horror Vacui laissent présager un avenir ambitieux. Il faut souligner que c’est le premier album réalisé par Selma Savolainen qui marche sur les terres arides des légendaires Museo Rosenbach et Diamanda Galás : l’effervescence aventureuse est de mise.