Chronique

Matthias Van den Brande Trio

Three Sides Of A Coin

Matthias Van den Brande (ts,ss), Tijs Klaassen (b), Wouter Kühne (dms).

Label / Distribution : Zennez Records

S’engager dans la voie d’un trio sans instrument harmonique n’est pas toujours simple. C’est pourtant ce qu’a choisi de faire le saxophoniste belge Matthias Van den Brande en compagnie des Néerlandais Tijs Klaassen et Wouter Kühne qu’il a connus au Conservatoire d’Amsterdam. Le titre de l’album est explicite : Three Sides Of A Coin, les trois côtés d’une pièce de monnaie, pile, face et tranche qui correspondent bien à l’image de ce trio interactif.

Matthias Van den Brande a une forte expérience musicale : il a assumé le rôle de soliste au sein du Brussells Jazz Orchestra et son premier album Opus # 1 n’est guère conventionnel, sa formation mêlant un quartet de jazz et un quintette à vents issu du classique. C’est actuellement le trio qui stimule ce saxophoniste, qui n’hésite pas à emprunter les voies tracées naguère par Sonny Rollins ou Lee Konitz.

Les compositions originales sont parfois placées sous les auspices de la lenteur : la musique se construit patiemment sans qu’une effervescence se dessine ; « Heads Or Tails » et « Try It » en sont des exemples. L’aspect stylistique du trio trouve son équilibre grâce à une pureté mélodique et au jeu du saxophoniste qui privilégie la sensualité. Le contrebassiste Tijs Klaassen, fort de ses études en Hollande avec Ernst Glerum et aux États-Unis avec Ron Carter, connaît la tradition du jazz, ce qui s’entend avec son solo dans « Le Bohémien ». Soutenir cette musique fluide échoit au batteur Wouter Kühne. Son jeu aux balais dans « Chelsea Bridge » et son inventivité dans « Covid Blues » en font un partenaire idéal.

Voilà un trio qui ne surjoue jamais ; la trame musicale qui se déroule tout le long de Three Sides Of A Coin est stimulante et lorgne du côté du cool jazz par son esthétique dépouillée.

par Mario Borroni // Publié le 7 janvier 2024
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