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Countryman et Hartigan font danser Taïwan

La science de la pulsation et le lyrisme libéré

La basse résonne, bien seule sur une grande scène. Puis les deux autres arrivent, au milieu du public, en jouant déjà l’intro de la composition de Royal Hartigan, Ève.
Royal martèle un donno, une percussion africaine à main. La magie s’installe vite. Le sax choisit de se mettre en retrait pour donner l’occasion d’un solo très syncopé du tambour aux chausse-trappes millimétrées. Après un solo, la basse introduit un autre thème, Nommo, puis le sax revient. Un chant ample qui résonne dans cette salle, d’autant que les deux autres choisissent de se taire. Quand ils reviennent, plus de donno mais une batterie classique.
Ce jeu de retraits et retours se renouvelle pour de nouveaux moments où le talent individuel s’échauffe. Le solo suivant de la batterie impressionne, une pulsation qui se renouvelle sans cesse. Royal Hartigan danse sur ses peaux, comme soulevé par ses propres frappes. Rick Countryman, quant à lui, est totalement au service du chant, de ce thème qu’il reprend pour introduire un nouveau solo de basse et le ponctuer. Paolo Alcantara joue crânement sa partie, pas intimidé par le niveau de ses deux aînés, avant le retour final du trio.
C’est un moment de découverte de ce talent relativement peu connu ici, Royal Hartigan, qui s’est engagé dans un chemin de traverse de la batterie mais pas trop loin de la tradition. C’est aussi la confirmation de l’expressivité et de la plasticité de Rick Countryman, qui sait tirer parti de la musique des autres tout en restant fidèle à lui-même.
Un intense plaisir, servi par une prise de vue avec du matériel professionnel.

par Guy Sitruk // Publié le 19 janvier 2020

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