
Das Kaff
Porträt eines Anachronisten
Ralph Altrieth (saxes), Nicolas Talbot (cb), Mike Surguy (dm), Samuel Belhomme (tp, 7-8), Emmanuel Piquery (Fender Rhodes, 9)
Label / Distribution : Le Petit Label
Retour très attendu de Das Kaff après l’enthousiasmant premier album salué par Citizen Jazz. On retrouve sur Porträt eines Anachronisten tout ce qui avait fait notre bonheur à l’époque. Cette musique se déguste : très équilibrée – notamment grâce au choix des reprises complétant les compositions de Mike Surguy et Ralph Altrieth et l’alternance entre morceaux enlevés et lents –, elle est bien sûr portée par les qualités de chaque musicien mais surtout par la cohérence du groupe. Das Kaff joue à l’ancienne, et s’inscrit dans la lignée des grands trios saxophone, contrebasse, batterie tout en étant très contemporain dans l’approche du jeu, des rythmes et des rôles individuels.
Sur les ballades, telle la « First Song (For Ruth) » de Charlie Haden, la musique se construit sans précipitation, ce qui met en valeur les timbres. Quand le rythme s’accélère, le discours reste clair et les idées sont superbement exploitées dans le cadre d’une conversation revigorante où, fondatrices, la contrebasse de Nicolas Talbot et la batterie de Surguy dialoguent perpétuellement de manière à nourrir les saxophones d’Altrieth. Bien qu’il soit difficile d’isoler un des dix morceaux qui composent ce Porträt eines Anachronisten tant l’ensemble est homogène, retenons la beauté subtile de « Retrato em branco e preto » (Antonio Carlos Jobim), l’excellente reprise de « Misty Mountain Hop » (Led Zeppelin), qui sonne un peu comme le quartet Exploding Customer avec l’apport de la trompette de Samuel Belhomme (présent également sur « A Lullaby For Two »), ou encore « Brandford » (Altrieth) et « Restlessness » (Surguy). Le trio accueille également le Fender Rhodes d’Emmanuel Piquery sur « Compassion » (Altrieth). Il faut aussi souligner la qualité de la prise de son, qui magnifie le jeu et les superbes sonorités du trio.