Scènes

Benzine et Soo Bin Park au Pannonica

Frank Vaillant et son quartet collaborent avec la Coréenne Soo Bin Park depuis quelque temps déjà. Compte rendu de leur concert nantais au Pannonica.


Frank Vaillant et son quartet collaborent avec la Coréenne Soo Bin Park depuis quelque temps déjà. Compte rendu de leur concert nantais.

Frank Vaillant est bien connu dans le monde du jazz mais on a tendance à oublier que c’est aussi le batteur du groupe Lo’Jo. C’est lors d’une tournée asiatique avec ce groupe qu’il a fait la connaissance de la percussionniste et chanteuse coréenne Soo Bin Park, grande interprète du Pansori, cet art coréen du récit chanté accompagné d’un tambour. Cette belle rencontre s’est prolongée par la volonté de confronter l’univers de Soo Bin Park à celui de Benzine, le quartet dont Frank Vaillant est le leader. C’est une réussite : les deux univers se marient avec bonheur et aucun des deux n’est sacrifié.

Franck Vaillant © Franck Bigotte

L’arrivée de la chanteuse a déplacé le centre de gravité du groupe, tout paraissant désormais graviter autour d’elle. Qu’elle chante ou qu’elle soit aux percussions, voire les deux en même temps, ses quatre acolytes interviennent en permanence en résonance ou en contrepoint de son jeu. On note surtout une connivence rare avec Frank Vaillant : les yeux dans les yeux, ils se livrent à de longs échanges intenses, ponctués de sourires. Le saxophone de Guillaume Orti, également en symbiose avec Soo Bin Park, se mêle à ses interventions en un dialogue rythmique et mélodique très riche. L’un des moments forts du concert tient d’ailleurs dans un double solo au cours duquel l’alto du premier et le taepyenongso de la seconde se questionnent et se répondent, se lancent des appels mutuels, le tout dans le cadre d’une écoute et d’une science de l’échange superbes. Faisant preuve d’une énergie folle, l’artiste chante, rappe, s’exclame, saute, gesticule… tout y passe, avec une justesse constante. Autre qualité, elle sait ménager l’effet de surprise, notamment grâce à sa voix, toujours là où on ne l’attend pas.

Naturellement, l’intérêt de ce quintet tient aussi à la présence de Jozef Dumoulin et de Jean-Luc Lehr : plus discrets, ils n’en sont pas moins indispensables à la couleur orchestrale et à la vitalité rythmique de l’ensemble. De part leur implication de tous les instants, ils offrent des conditions idéales au développement de cet heureux échange européano-coréen où les deux cultures s’expriment dans le respect de l’autre, loin de tout collage forcé et caricatural.