Chronique

L’OrphiCube

L’OrphiCube

Alban Darche (saxes, compositions & arrangements), Didier Ithursarry (acc), Nathalie Darche (p), Matthieu Donarier (saxes, cl), Sylvain Rifflet (saxes, cl), François Ripoche (saxes), Sébastien Boisseau (b), Marie-Violaine Cadoret (vln), Christophe Lavergne (dm)

Label / Distribution : Pépin & plume

2013 aura été une année marquante pour Alban Darche. Après le retour du Cube avec Frelon Rouge pour les dix ans du trio, salué ici-même par un Elu , le musicien nantais lance un nouveau label, Pépin et plume, pour le premier album de ce Cube nouvelle mouture, L’OrphiCube, et publie au même moment Queen Bishop, hommage au groupe britannique Queen signé par… le Gros Cube ! 2013, année cubique !

L’OrphiCube est donc le dernier-né des groupes d’Alban Darche. Constitué de partenaires de longue date, il joue deux répertoires composés par lui : un greatest hits issu de ses albums précédents, tous groupes confondus et pour lequel les auditeurs ont pu voter il y a quelques mois, et de nouveaux morceaux écrits spécifiquement pour le groupe. Vient s’ajouter à cela une envie de faire correspondre les approches musicale et picturale (la pochette est l’œuvre de Silvain Joblin), et de mettre en avant par le dialogue les points communs et les spécificités de chacun. (Pour mieux saisir la motivation du chef d’orchestre, il faut lire le texte très instructif paru sur son site internet.)

Après un concert de création au Pannonica de Nantes en janvier dernier, aussitôt suivi d’un concert à Radio France, l’OrphiCube refait surface à l’été 2013 avec des concerts puis la sortie du disque. Celui-ci fait la part belle aux thèmes composés pour ce nouvel ensemble, en attendant un deuxième album à venir dans les prochains mois.

Dès la première écoute, on constate à quel point l’OrphiCube est une émanation typique du cerveau infatigable de Darche. On y retrouve sa soif d’écriture, d’association d’influences, de travail sur les timbres, et la subtilité des couches entremêlées. Servi par un ensemble de musiciens qu’il connaît par cœur et réciproquement, Darche nous invite dans son univers, qu’il s’agisse de folklore imaginaire (« La Martipontine », hymne de Pont Saint-Martin, ville de la région nantaise qui fait écho à « La Pornicaise » de Frelon rouge), de l’envoûtant « Triangle du douboto », des incursions dans la musique de chambre (« Codex, etc. », « Requiem »), des passionnants « tbbm » ou « 4 Brothers » ou du classicisme contemporain, si l’on peut dire. Tout y est parfaitement agencé, interprété, à la fois raffiné, complexe, libre, fluide, extrêmement riche, chaque écoute révélant une nouvelle facette de la musique. Cet art de jouer des couleurs orchestrales et des influences/amours musicales pour continuer à construire un monde singulier range Darche parmi les grands compositeurs du jazz français actuels. Cette première trace enregistrée de l’OrphiCube est à la hauteur de ses premiers concerts ; portée par de magnifiques musiciens, elle est une réussite de plus pour Alban Darche, une autre porte d’entrée à ne pas manquer si l’ont veut suivre son parcours très personnel.