Chronique

David Caulet

About 24.5

David Caulet (ss)

Label / Distribution : AlambikMusik

David Caulet est un saxophoniste dont on entend peu parler. Il est pourtant très actif dans la région Languedoc-Roussillon, où il s’adonne à différentes disciplines, de la composition pour orchestres de guitaristes à la création de ciné-concerts, en passant par la co-direction du festival Delco ou encore une participation active au collectif Jazz en L’R.

Un ouvrier de l’ombre, en somme, comme le jazz - et la musique en général - en comptent tant. Raison de plus pour se pencher sur ses propositions, et notamment cet étonnant album « solo » où la superposition de pistes lui permet de jouer en simultané jusqu’à huit parties, exclusivement au saxophone soprano. Il s’agit donc d’un travail sur les possibilités de l’instrument.

Selon les plages, l’usage « des » saxophones est différent. Ils peuvent survenir un par un pour composer peu à peu un socle rythmique répétitif, des couleurs harmoniques puis des lignes mélodiques, au fil d’un travail d’assemblage rigoureux ; mais il peuvent aussi se fondre en masses sonores qui occupent le champ ou le colorent. Le saxophone est aussi utilisé comme une voix, parfois sans pistes ajoutées. Alors, ses manifestations se dupliquent encore, engendrant un contraste marqué entre sa sonorité brute et son phrasé incisif, par exemple sur le « Confirmation » de Charlie Parker, et le minimalisme voilé de la berceuse qui clôt l’album.

Toutes ces démarches confèrent au disque des pièces de qualité. En revanche, on peine à trouver une logique dans leur succession, et le disque souffre malheureusement de cet éclectisme. C’est d’autant plus dommage qu’à plusieurs reprises le propos est passionnant, comme sur « Tom » où les orchestrations interviennent comme des ponctuations avant de décrire un climat mélancolique qui peut évoquer, en termes de textures harmoniques, un accompagnement de quatuor, bien qu’elles soient limitées par leur tessiture. Au centre de l’album se niche un triptyque. Aux aplats chargés de stridences de « Between », tout juste traversés par des événements fantomatiques, succède « Then », un titre contemplatif où la masse sonore débarrassée de ses tensions se répand, liquide. Dans sa continuité, le poétique « Green Valley » laisse le saxophone chanter sans artifice sur une toile de fond toute en notes continues modelées par des effets. Un travail de recherche à l’issue duquel David Caulet a trouvé des pistes, qu’il faudra suivre avec lui.