Chronique

Denis Desassis

100 %, 100 disques en 100 mots

Ça tient du récit, d’une remontée dans le temps, d’une mémoire intime retrouvée. Pas n’importe laquelle : celle des emballements musicaux, de ces petits riens découverts un jour, une nuit, souvent sous la forme d’un 45 tours ou d’un 33 tours. C’est un chemin inédit que l’auteur nous invite à parcourir dans ce 100% : 100 disques en 100 mots. Un attirant jeu de piste, un itinéraire d’un demi-siècle de découvertes et d’attachements à des disques que Denis Desassis, notamment chroniqueur de Citizen Jazz, juge essentiels. « C’est une relation particulière avec le temps, explique-t-il. Ça fait 50 ans que j’achète des disques, j’en ai au moins 3 000 et j’ai eu envie de faire le point ». Et qu’on ne se méprenne pas : « Il faut préciser qu’il n’y a pas que du jazz dans ce livre ».

Pour cet exercice, l’auteur s’est imposé de multiples contraintes, comme autant de poteaux bordant un slalom géant : ne citer qu’une seule fois un groupe ou un artiste, avoir le disque dans sa discothèque, et surtout, traiter les 100 disques (publiés entre 1969 et 2019) en 100 mots chacun, et pas un de plus. Et pour finir, écrire les chroniques dans l’ordre chronologique, chaque lundi, pendant… 100 semaines !

Le premier titre ? Les Bee Gees, Odessa, sorti le 30 mars 1969. Le dernier ? Celui du North Sea Radio Orchestra, sorti le 17 mai 2019. Soit, peu ou prou, une plongée dans un demi-siècle de la musique contemporaine d’une partie de l’hémisphère nord. Surtout, durant ces premières années où, semble-t-il, tout s’est joué. Il est frappant de découvrir que LA Woman des Doors est sorti le 19 avril 1971 et Sticky Fingers des Stones le 23 avril. Et puis ce furent Who’s Next sorti le 14 août suivant et Imagine de John Lennon le 9 septembre. Dans ces titres, que de références, de symboles et de signes annonciateurs de drames imminents !

En tout cas, c’est à un « vaste puzzle » musical qu’invite l’écrivain et chroniqueur, passant du rock au jazz, du classique à la pop et à la chanson française : Brassens côtoie Led Zeppelin, Camille Pépin, Lou Reed, Robert Wyatt, Stevie Wonder. Bruno Tocanne, Neil Young, Bob Dylan, John Zorn…

Tout s’est terminé fin octobre 2021. Sauf qu’alors, Denis a rajouté dix noms ou formations : parmi eux, le suprême Lionel Martin, le fougueux Imperial Quartet et quelques autres. Le 100% était devenu 110%, assorti de dernières pages en mode confidence et coltraniennes en diable sous la forme d’un chapitre appelé « Ante Scriptum », qu’il faut prendre le temps de lire. Mais cette fois, il s’est arrêté là.

par Jean-Claude Pennec // Publié le 18 février 2024
P.-S. :

Le livre est disponible uniquement en ligne. On peut le commander ici.

Par ailleurs, une playlist permet de découvrir un extrait de chacun des disques chroniqués dans le livre.