Scènes

Jazz à Vienne 26/6/10 : Dorado Schmitt

Pour fêter le centenaire de la naissance de Django, Dorado Schmitt - jazz manouche façon famille nombreuse - a rappelé, avec enfants, neveu et quelques autres, qu’il était bel et bien l’un des héritiers les plus authentiques de cette musique


L’exercice était incontournable, même s’il n’a pas pris tout à fait la direction prévue.

Pour fêter le centenaire de la naissance de Django Reinhardt, Jazz à Vienne a appelé à la rescousse un des héritiers les plus authentiques du guitariste et du jazz manouche : Dorado Schmitt.

Chemise à jabots, somptueuses chaussures black & white et fines moustaches en trait de crayon… Mais surtout, dans cet arc-de-cercle de musiciens dessiné une fois pour toutes devant le public, une conviction inébranlable pour une musique joyeuse - à défaut d’apparaître vraiment inventive.

En la matière, le guitariste et violoniste n’a pas à se forcer pour mettre le public dans sa poche. Tout sourire, malgré les 6 ou 7 000 personnes massées devant lui, il étrenne son set sans forcer, en formation de base (accordéon de Marcel Loeffier et guitare rythmique de Hono Winterstein). Les morceaux - rapides, bien emboîtés - s’enchaînent à mesure que la nuit tombe. A peine relève-t-on qu’au fil des standards, le trio se prend au jeu, accélère, se regroupe dans un son plus épuré, dévoilant le contraste constant de l’approche manouche : rigueur répétitive - voire obsédante -, face à cette sorte de pépiement enjoué.

Photo J.-L. Chauveau

On aurait pu en rester là tandis que le théâtre s’enfonçait dans la nuit. Mais Dorado, à l’évidence, n’aime pas voyager seul. Après avoir appelé à la rescousse Pierre Blanchard, dont le violon sait, d’un coup d’archet, étirer les morceaux les plus convenus, puis Rocky Gresset, le guitariste introduit les uns après les autres deux de ses enfants et un de ses neveux, tous guitaristes rompus à la phraséologie manouche, qu’il s’agisse de Samson, Bronson ou Amati. A chacun un thème (« Daphné », « Nuage », etc.) de Django mais chez tous, déjà, la même passion et la même agilité sur le manche de la guitare. En raison de son jeune âge (14 ans) et de son jeu de main gauche bien capté par les caméras, le bambino de la famille permet à un Dorado aux anges de constater que la relève est assurée.