Diabate, Rullaud, Traore, Djiga, Nacoulma
Kananayé
Seydou Diabate (balan, perc, voc), Clotilde Rullaud (voc, fl), Abdoulaye Traore (g), Boubacar Djiga (kunde, perc), Achille Nacoulma (d, perc, voc).
Label / Distribution : Tzig’Art
Quand le sage montre le chemin et la diversité des paysages qu’il traverse, le sot regarde les murs qu’on élève et les portes closes… Faut-il rappeler ici la nécessité d’un brassage des cultures et d’une ouverture à l’autre avec toutes ses différences ? Si tel était le cas, alors ce disque pourrait bien être l’ambassadeur d’une telle démarche.
Un temps contrariée par la pandémie de Covid en 2020, la rencontre coup de foudre du côté de Bobo-Dioulasso à l’occasion du festival Badara, entre Clotilde Rullaud et ses quatre amis musiciens du Burkina Faso a pu néanmoins aboutir. À force de jams nocturnes et d’évidences révélées, cette association alchimique a réussi à faire advenir aujourd’hui un disque au titre évocateur, Kananayé, qu’on traduit par « c’est pas facile, mais ça va aller ». En d’autres mots, il s’agit bien d’être conscient, mais jamais résigné, et de savoir que « de Bobo à Paris, on rêve d’une belle ville, la cité des belles choses qui ne se disent pas mais qui se vivent ». Mêlant français, anglais, jula et more, les textes des huit « chansons » de l’album constituent un seul et même hymne à l’humanité. C’est la vie dans les rues de Bobo, la méfiance vis-à-vis des faux-amis, un rêve de ville idéale, la quête des enfants des écoles coraniques, une invitation à danser… Autant d’histoires de vie, de scènes du quotidien et de réflexions sur l’époque trouble que nous traversons tous et qui sont portées par une musique multiple et entêtante dont les cinq protagonistes sont habités d’un même désir de fusion. Le groupe ne fait qu’un, on vibre à la complicité entre le balafon de Seydou Diabate et la guitare d’Abdoulaye Traore ou au foisonnement rythmique impulsé par la batterie d’Achille Nacoulma et les percussions de Boubacar Djiga. Clotilde Rullaud, dont on sait la richesse des inspirations et la beauté du chant, est ici chanteuse, flûtiste, conteuse, se présentant en « super slammeuse » survolant les continents, comme un trait d’union entre les deux Belleville et leurs possibles métissages.
Jazz, blues, rythmes traditionnels ouest-africains, entre ballades et transe… Ce disque va vous faire chanter, danser, vous chavirer. Beaucoup d’émotions et de fraternité traversent sa musique d’une grande générosité. Avec un tel programme, vous ne pourrez pas résister à son appel à la liberté.