[ESSAI] Frank Ténot
Boris Vian, Le jazz et Saint-Germain
Un homme : ingénieur, romancier, trompettiste, chroniqueur, poète, chanteur… Boris Vian. Un lieu : Saint-Germain-des-Prés. Une époque : les années 50. Une passion : la zizique !
Frank Ténot, témoin privilégié de la conquête du jazz, a rassemblé des photos de cette époque dans un album consacré à l’un des animateurs clés de la scène du jazz en France, Boris Vian, qui, pour citer Henri Salvador, « était amoureux du jazz, ne vivait que pour le jazz, n’entendait, ne s’exprimait qu’en jazz ».
Ces photos, exclusivement en noir et blanc, font revivre le trompettiste des années 40, le zazou d’après-guerre, le chroniqueur de CitizenJazz… Heu ? Non, pardon !… le chroniqueur de JazzHot, le producteur, le chanteur… mais également tous les musiciens qu’il a côtoyés, de Claude Abadie à Duke Ellington, en passant par Charlie Parker, Coleman Hawkins et tous les autres. Sans oublier bien sûr tout le beau monde qui a fait cette époque - Juliette Gréco, Raymond Queneau, Madeleine Renaud, Jean-Louis Barrault, Charles Delaunay… et les clubs mythiques tels que le Lorientais, le Tabou, le Vieux-Colombier et, évidemment, le Club Saint-Germain !
Une mise en page classique, des photos variées et de bonne qualité, quatorze pages d’un texte de circonstance qui retrace brièvement le parcours de Boris Vian dans le milieu du jazz ; voilà un livre qui se feuillette agréablement. Quelques clichés particulièrement remarquables resteront gravés dans les mémoires : l’orchestre Abadie - Vian par Robert Doisneau (page 14), l’accueil de Duke Ellington devant la gare du Nord (Keystone - page 48), Miles Davis et Juliette Gréco (Jazz Memories - page 61) et le même en compagnie de Jeanne Moreau (Keystone - page 89).
Cet hommage présente le double intérêt de fixer sur le papier cette ambiance particulière qui régnait lorsque Paris découvrit le jazz, et de rappeler que Boris Vian fût le chantre de l’ouverture d’esprit car, comme il l’écrivait déjà en 1946 : « cloisonnez le jazz, réduisez-le à vingt musiques différentes, et vous l’aurez privé du bien le plus précieux qu’il soit donné de posséder, et qui le caractérise au premier chef, sa liberté ». Une leçon à méditer !