Tribune

OPA sur le jazz


C’est maintenant confirmé, le groupe NEMM, que détient Franck Ténot a bien racheté le mensuel Jazzman à DIGroup.


Aujourd’hui, en plus des parts disséminées un peu partout dans différents médias (entre autres le groupe Radio Nova) et grosses sociétés, le groupe NEMM et Franck Ténot sont à la tête d’un véritable cartel du jazz : Jazz Magazine, Jazzman, JazzValley.com et TSF.
Rappelons que la fondation Franck Ténot a largement et généreusement subventionné la Maison du Jazz et le Centre des Musiques Didier Lockwood. Cette concentration exceptionnelle du jazz autour de Franck Ténot n’est pas étonnante. Ce dernier à largement fait preuve de sa passion pour les musiques et son soutien sans faille à l’économie relative de Jazz Magazine est l’une des manifestations les plus visibles de l’art avec lequel Franck Ténot concilie le business et la musique.
Aujourd’hui donc, en rachetant Jazzman, dont l’économie est assez florissante pour un mensuel de jazz français, il affirme à la fois son désir de diriger-contrôler ce secteur et de le soutenir financièrement. Bien que le secteur médiatique du jazz ne soit pas une zone de turbulences financières (quoique), comme le prouvent à la fois les chiffres de ventes de journaux, les indices d’écoute des radios et la place accordée à cette musique dans les médias généralistes, on se doute bien que le conglomérat « Jazz Magazine, Jazzman, JazzValley.com, TSF » doit rapporter quelques deniers… Or, en détenant les deux principaux magazines, la plus grosse radio (en termes d’auditeurs) et le plus grand site d’annonces de concerts, le groupe NEMM ne laisse guère de place à la concurrence.
Quelle est-elle ?
La radio est un secteur où l’on trouve surtout des émissions sur le jazz et très peu de radios spécialisées. Cependant, à Paris, il reste Paris Jazz et sa sœur Fréquence Jazz à Lyon.
La presse recense quelques fanzines, quelques magazines régionaux édités par des passionnés (Improjazz, Jazz classique, Jazz Notes, Jazzosphère, Jagazzine) et pour le blues (Blues Magazine, Soul Bag, Travel in Blues) et surtout le vétéran, mais largement controversé Jazz Hot. Enfin, last but not least, issu de la fusion de Le Jazz et So What, votre serviteur Citizenjazz.com. N’oublions pas non plus le méridional Jazzbreak.com.
En termes de lecteurs ou d’auditeurs, ce sont Paris Jazz et Citizenjazz qui maintenant jouent les rôles d’indépendants. Liberté et pluralité, donc.
Une réunion au sommet a permis aux équipes de Jazzman, Jazz Magazine et à Franck Ténot de faire le point. Il en ressort plusieurs choses, (je vous livre là quelques points importants qui m’ont été communiqués) :

1. Pas question de fusion des deux titres. Par contre, il est envisagé de mettre en commun les secteurs commerciaux du groupe (publicité, abonnés et promotion). Pluralité et synergie, donc.

2. Regroupement physique des rédactions (avec la Maison du jazz et Jazzvalley comme voisins). Proximité et contrôle, donc.

3. Maintien exact des deux équipes rédactionnelles, liberté et indépendance des lignes rédactionnelles. Pluralité et liberté, donc.

Ouf, l’orage est passé ! Pas de fusion, pas d’éviction et au contraire un rapprochement amical des deux titres. La tempête n’a fait rage que dans le verre d’eau. Il reste à parier sur le développement futur de projets communs, sur internet, sur les ondes et pourquoi pas à la télévision…

En attendant, lisez Citizenjazz !