
Dans la tradition graphique suggestive et poétique des pochettes ECM, le dernier disque du pianiste Florian Weber se présente avec une série d’oiseaux esquissés, posés sur un fil comme sur une ligne de portée.
Telle est un peu l’impression de l’auditeur quand débute Imaginary Cycle, avec ce piano seul qui occupe l’espace par touches délicates avant que ne montent doucement vents et cuivres pour accompagner le ballet de leurs souffles.
Passée cette longue ouverture, l’album se déploie de diverses manières, autour d’une structure précise (le cycle – imaginaire, donc – se divisant en quatre parties : « Opening » en trois mouvements, « Word », « Sacrifice » et enfin « Blessing » en quatre chacun ; le tout entouré d’un prélude et d’un épilogue).
Durant ce périple on passe d’un chambrisme pointilliste, un peu à la façon de Webern, à des moments plus amples et lyriques durant lesquels la dizaine de souffleurs échafaude de majestueuses murailles sonores.
Si plusieurs passages de l’album s’inscrivent dans une forme de classicisme ou de noble évidence, la musique sort plus d’une fois de ces rails pour se laisser aller à de plus singulières explorations.
Les traversées de textures qu’offrent les transitions entre les effets de masse sonore et les moments à une ou deux voix donnent à l’ensemble un charme certain. (Mention spéciale aux interventions du serpent, instrument venant du dix-septième siècle, ici manié par Michel Godard, et dont la sonorité si particulière n’est pas étrangère à la beauté d’Imaginary Cycle.)