Chronique

Fussyduck

Maybe That’s All We Get

Leandro Irarragorri (p), Guillaume Guedin (as, cl), Florian Weiss (tb), Robin Antunes (vln), Daisy George (b), Baptiste Dolt (dms)

Label / Distribution : Double Moon

Si les plus anciens d’entre nos lecteurs auront peut-être le souvenir du musculeux groupe de rock progressif Fuzzy Duck qui sévit il y a 50 ans, il faudra très vite les détromper ! Du rock progressif aux verres progressifs, il n’y a qu’un pas, et il est depuis longtemps franchi : ici, c’est bien de Fussyduck qu’il est question, et force est de constater que le canard est moins électrique. « Bricks », qui ouvre Maybe That’s All We Get, est amené tout en douceur par le jeune pianiste suisse Leandro Irarragorri, garant d’un certain classicisme mâtiné d’une pointe de nostalgie, une direction que l’on retrouve dans « Zafu », autre composition du saxophoniste Guillaume Guedin, aperçu dans le Panoramic Project de Leo Jeannet et qui joue ici à merveille avec le trombone suisse de Florian Weiss, habitué de Clemens Kuratle et le violoniste du Wanderlust Orchestra Robin Antunes.

Si ce dernier est sur nos tablettes depuis quelque temps déjà, et s’il brille particulièrement sur le final de « Refugium » où il joue sans ostentation avec la batterie de son compatriote Baptiste Dolt, c’est sur « Encore cinq minutes » que l’on retrouve son écriture très élégante. Au centre de l’album, on le retrouve encore au cœur de « Mambo Requiem » (très bel arrangement du morceau de Tristano) dans un échange très suave avec le trombone de Weiss, bien encadré par un trio de base piano/basse/batterie où l’on découvre à la contrebasse l’excellente artiste londonienne Daisy George qui est certainement la révélation de cet album européen.

On l’aura constaté, dans ce disque enregistré en Allemagne mais imaginé en Toscane suite à une résidence, Fussyduck s’affranchit des frontières pour nous présenter une très jeune génération. Le quintet s’est nourri, on le comprend bien vite, de la quiétude et de la douceur des lieux pour un album plein de promesses et de douceur à l’instrumentarium ouvert à tous les timbres, mené par de belles individualités qui ont su s’effacer et se rendre complémentaires le temps d’un album plein de raffinement.

par Franpi Barriaux // Publié le 30 octobre 2022
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