Gérard Pansanel
Future Early Years
Arild Andersen (cb), Patrice Héral (perc)
Label / Distribution : Nord Sud / Coadex
Gérard Pansanel, Arild Andersen, Patrice Héral : Future Early Years, ou l’évidente clarté
Quand le temps s’étire, quand le paysage que l’on parcourt est sans fin, c’est en cet instant, ici même, que la sérénité approche et qu’elle s’offre à nous.
Lorsque le futur et le passé se confondent, là où le Nord et le Sud ne sont plus qu’un, la paix sans doute se comprend et peut enfin s’affirmer.
C’est ce que nous dit à sa manière la musique du guitariste Gérard Pansanel, qui pour son dernier enregistrement, Future Early Years (label Nord/Sud ; Coadex), a réuni comme à un point de maturité maîtrisée le contrebassiste Arild Andersen et le batteur Patrice Héral. Ces trois musiciens ont trouvé ici pour leur première rencontre une sorte d’équilibre, d’écoute réciproque et partagée, mais aussi d’attention aux choses du monde, à tous les univers possibles et imaginables. L’équilibre est parfait. A chaque instant, chaque mesure [1].
Pansanel a beaucoup voyagé. Il nous a déjà emmenés du côté des Beatles, de Nino Rota, de Charlie Chaplin, du bandonéon d’Antonello Salis, du « Conte d’automne » d’Eric Rohmer et de tous les musiciens avec qui il a vécu des rencontres fertiles. Il a côtoyé Don Cherry, Enrico Rava, Aldo Romano, Michel Benita, l’ONJ de Claude Barthélémy, Michel Marre, Michel Portal, Paolo Fresu, Doudou Gouirand, Lester Bowie, Archie Shepp et bien d’autres ainsi que, dans des registres un peu différents, Neneh Cherry, l’Occitan Claude Marti, le Catalan Pascal Comelade… Le voici donc accompagné du Norvégien Andersen, que Patrice Héral, percussionniste et inventeur de tous les « effets spéciaux » de la terre, connaissait déjà bien, lui qui était du précédent album de Pansanel, Electrizzante [2]. Andersen est aujourd’hui l’un des maîtres de la contrebasse. Il a lui aussi été au contact des plus grands : de Sonny Rollins à cet autre guitariste à qui Gérard Pansanel n’est pas sans faire songer, Bill Frisell dans ses meilleures prestations, en passant par Jan Garbarek, Paul Bley ou John Taylor. Dès la première mesure, on sent d’ailleurs qu’il va jouer d’un bout à l’autre un rôle éminent dans cet art du trio. Mais pour être juste, au plus près de ces musiciens, et pour tenter d’être soi-même « à l’équilibre », il faut dire également l’inventivité de Patrice Héral, toujours singulière - cette présence tantôt discrète, tantôt foisonnante, constamment vibrante, l’intelligence même - qui contribue intensément aux climats clairs, emplis d’une douce lumière, apaisés, fraternels, qui parcourent cette musique.
Future Early Years est l’une de ces belles évidences qui nous parviennent soudain tout en nous donnant l’impression d’avoir toujours été sous notre regard. Comme tout ce qui nous réjouit.