Accessible, émouvant, lyrique, Avanti est à l’image de son interprète, Giovanni Mirabassi, que j’ai découvert au Tremplin Jazz d’Avignon : dans la lignée des très grands !
Suivant une tendance identifiable en ces temps troublés, après les chants de la guerre d’Espagne de Ramon Lopez, ou ceux de la guerre de Sécession de Bill Carrothers, le pianiste puise avec conviction dans le répertoire révolutionnaire et fait frissonner notre mémoire collective. Mais ce folklore ne se veut jamais partisan. Et encore moins imaginaire. Quand Giovanni Mirabassi improvise, son jeu a l’éclat et la fluidité du chant, la vérité et la vitalité du cri. Peu démonstratif malgré les thèmes choisis, ce doux « patriote » n’exhorte pas à prendre les armes mais à essayer de vivre, moins malheureux. Car une allégresse certaine traverse parfois l’album, ainsi qu’un souffle de liberté, un romantisme sans esbroufe et sans mine « Je chante pour passer le temps ».
En découvrant le livret, on se souvient des paroles de certaines des chansons de tous ces pays et continents. Et on se surprend à fredonner. Si on ne connaissait pas leur histoire, l’interprétation de Mirabassi suffirait, tant elle est essentielle. Loin de déformer les mélodies initiales, que l’on cherche au contraire à reconnaître, il les retouche avec sensibilité, et nous entraîne dans une géographie de l’émotion : en Italie, dans la plaine de Riz amer avec Bella ciao, mais aussi en Espagne El paso del Ebro, en Amérique du Sud El pueblo unido, et Hasta Siempre ou dans l’ancienne URSS Plaine, ô ma plaine.
Avanti est le disque de piano solo que j’attendais. A écouter d’un trait, et à repasser sans modération. On ne risque rien à lui prédire une belle carrière. On pourrait même tenter de le chanter. Giovanni Mirabassi est seul à jouer, mais une armée d’ombres l’accompagne. Ah ça ira ! Faites passer !