Chronique

Gregory Porter

Be Good

Gregory Porter, voix ; Chip Crawford, p ; Aaron James, b ; Emanuel Harold, d

Label / Distribution : Motéma/Membran

Nouveau projet pour ce chanteur découvert récemment avec Water, qui s’est offert le prix 2011 du jazz vocal de l’Académie du jazz, soit une belle entrée en matière. Comme toujours, la question est : ce musicien saura-t-il tenir ses promesses artistiques ? La réponse est oui.

Avec ces compositions originales (sur les douze titres de Be Good, trois seulement ne sont pas de sa plume, dont une belle reprise de « Work Song » très énergique), Porter confirme l’assurance de sa voix et sa maturité ; l’usage modéré d’artifices vocaux vient rehausser la sincérité de son discours épuré. Les paroles sont reproduites dans le livret, et il est vivement conseillé d’y prêter attention. Les bons sentiments, qu’on ne saurait blâmer, ne gâchent pas le discours poétique et parfois caustique, joli fruit de ce poète-musicien. Le fait est assez rare pour être relevé.

Musicalement, la recette est peu ou prou la même que sur le disque précédent : un mélange équilibré de jazz, de blues et de soul. Des arrangements de cuivres clairs et efficaces, une rythmique au service de la voix et du swing. Porter use avec intelligence d’effets de tempo, accélérations ou ralentissements, pour donner un sens au climax ainsi créé. Les thèmes sont plus souvent chantés comme des chorus, sans forcément de refrains, Porter assumant pleinement une position d’instrumentiste-soliste mettant le verbe au service de l’improvisation. Sa voix est juste et tenue, le débit clair, même sur les tempos rapides (« Bling Bling ») et la tessiture assez large pour qu’il ose le scat. Le disque se termine sur une reprise a capella de « God Bless The Child » à ne pas mettre entre toutes les oreilles… ça peut faire fondre ! Décidément Gregory Porter est entré dans la cour des grands, avec un naturel déconcertant.