Chronique

Hasse Poulsen

L’art abstrait n’a pas dit son dernier mot

Hasse Poulsen (g), Anders Banke (cl, ts), Jakob Davidsen (p), John Ehde (cello), Lars Andreas Haug (tu), Torben Snekkestad (ts, as)

Label / Distribution : Quark

Derrière ce titre – celui d’une toile d’Arnaud Labelle-Rojoux -, le guitariste danois installé en France propose une « suite de jazz français jouée par un sextet scandinave ». Tout un programme !
Enregistré en 2006 par la Radio Nationale danoise, ce groupe créé pour la circonstance sur une commande du cercle de compositeurs ToneArt de Copenhagueest une œuvre à part dans la discographie de Hasse Poulsen.

En découvrant ces Scandinaves issus du jazz et de la musique contemporaine, on pense au Sclavis de Napoli’s Walls (dont Poulsen était membre) et au Dave Douglas de Bow River Falls (avec Sclavis, comme par hasard) ou de Nomad (l’album Mountain Passages) pour le formidable travail sur les associations de timbres (tuba, violoncelle, anches, piano et guitare acoustique) et l’alliage habile de la mélodie et de l’érudition, du simple et du complexe, de l’émotion et du jeu.

Tout au long de ces neuf pièces, Hasse Poulsen enchaîne décalages rythmiques et mélodies improbables (« Don’t Start Dancing, Frank »), invente la bande-son de courts-métrages imaginaires (« Claudia In The Movie », « Atheist Tango »), un piano seul qui tient autant du jazz que de la sonate (« Mrs Frost Leaning Against The Sink Watching Sebastian ») ou encore un « Johnny à Naples » qui lui permet de se livrer à un solo magistral.

Les musiciens brillent collectivement et individuellement. La clarinette d’Anders Banke, le violoncelle de John Ehde (« Duo pour violoncelle et guitare : textes et commentaires ») ou le tuba de Lars Andreas Haug confirment que la scène musicale scandinave recèle décidément de grands talents.
Entre jazz et musique de chambre, la musique est ici d’une fraîcheur revigorante. On regrette que Poulsen n’ait pas l’intention de tourner avec ce groupe : on aurait aimé le voir triturer cette musique sur scène et continuer à faire vivre ses compositions.