Chronique

Indra Rios-Moore

Freedom Road

Indra Rios-Moore (voc), Benjamin Traerup (as), Thomas Sejten (b), Anders Vestergård (dm), Søren Bigum (g), Rune Borup (p, elp)

Label / Distribution : Bendra/L’Autre Distribution

À la sortie de son précédent opus édité par Impulse !, on avait parlé de cette chanteuse, née à New-York d’une mère portoricaine et d’un père syrien, comme d’une nouvelle « voix céleste du jazz ». Sur ce nouveau disque, on appréciera la justesse de son interprétation et sa volonté de porter le son du groupe avec une force de conviction indéniable. Sur les deux compositions originales présentes, les accents soprano de sa voix incitent les musiciens à donner le meilleur d’eux-mêmes. Avec son gang de Danois (instant people : elle vit maritalement avec le saxophoniste Benjamin Traerup qu’elle rencontra aux USA), elle jazzifie des standards de pop comme « You’re So Beautiful » de Billy Preston.
Si l’ensemble sonne un peu trop formaté (ô contraintes d’une industrie musicale plus que globalisée…), il n’en est pas moins empreint du sceau d’un engagement authentique en faveur de la justice raciale. Ainsi de la reprise de l’un des hymnes du mouvement des droits civiques, « Eyes on the Prize », folk-song aux accents gospel. Ainsi également du titre « Freedom Road », composé pendant la seconde guerre mondiale avec des paroles du poète Langston Hughes pour inciter les Noirs à s’engager dans l’armée américaine - il s’agissait alors de vaincre le nazisme, avec l’espoir d’une égalité pleine et entière une fois la guerre gagnée : on sait ce qu’il en advint… Ici, la chanteuse a modifié les paroles pour inciter les Afro-américains à se saisir, non pas du fusil, mais du bulletin de vote. Avec ces intentions plus que louables, Indra Rioss-Moore mérite le respect. C’est déjà ça.