Chronique

Boulou & Elios Ferré

Fathers & Sons

Boulou Ferré (g), Elios Ferré (g),

Label / Distribution : Continuo Jazz

Quand une fratrie manouche héritière d’une dynastie légendaire exhume des trésors familiaux, ça ne peut faire des étincelles, préludes à des feux de joie. Alors qu’ils rangeaient les archives de leur père Matelo (Pierre-Jean à l’état-civil), Boulou et Elios Ferré mettent la main sur des pépites inédites, que le daron avait enregistré sur des cassettes. Ce dernier est une légende : arrivé de Rouen à Paris juché sur un camion de bananes avec pour seul bagage son banjo-guitare, c’est Django Reinhardt lui-même qui lui montre ses premiers accords de jazz, lui donnant suffisamment d’ailes pour voler auprès des Gus Viseur et autres Michel Warlop. Même Chet Baker tomba sous le charme du « be-bop à trois temps » de leur géniteur, qui n’aimait rien tant que d’échanger des phrases musicales avec son frère aîné, Baro.
C’est à ce même jeu que se livrent les frères Ferré sur ce disque, échangeant avec un malin plaisir les fonctions rythmique et soliste de leurs guitares Selmer - mais qui a la Maccaferrri à « grande bouche » et qui a la 503 à « petite bouche » ? Ajoutez à ce duo d’enfer un accordéoniste dont la virtuosité n’obère jamais le sens de l’émotion, Ludovic Beier, et un invité comme un lointain cousin varois en visite dans le 18è arrondissement de la capitale, Stéphane Belmondo, ici au bugle, donnant un grain parfois balkanique à ces compositions qui sont autant d’évocations du Paris populaire.

par Laurent Dussutour // Publié le 25 août 2024
P.-S. :

Avec : Ludovic Beier (acc), Stéphane Belmondo (bgl)