Chronique

Pierre Bertrand

Hope

Pierre Bertrand (ss), Alfio Origlio (p), Thomas Bramerie (b), André Ceccarelli (dm).

Label / Distribution : Cristal Records

Le saxophoniste originaire de la Côte-d’Azur Pierre Bertrand s’est associé avec l’orchestre philharmonique de Nice pour une restitution de certaines de ses compositions les plus emblématiques, manière de célébrer 25 ans de carrière. L’articulation de son quartet avec un ensemble classique qu’il a dirigé à plusieurs reprises tombe d’autant plus sous le sens qu’elle déborde d’intentions cinématographiques, si bien qu’on a la sensation d’entendre des bandes originales de films.

S’exprimant ici au soprano, le leader sait conjuguer l’intention jazzistique avec l’exigence populaire : même si son jeu est très « wayneshorterien », il n’en oublie pas moins qu’il est aussi un compositeur de musiques de téléfilms. Son quartet de fidèles partage ces perspectives artistiques : le piano a des accents lyriques exquis, la batterie est d’une poésie infinie sans jamais se départir d’un sens de la danse, et la contrebasse feule de plaisir.

Avec la reprise de « Love Theme From Spartacus » l’espoir dont il est ici question se fait sulfureux désir de liberté. Composé à l’origine par Alex North pour le film de 1960 (dans lequel Kirk Douglas disait subrepticement son opposition aux États-Unis en incarnant le chef des esclaves en lutte contre Rome), repris entre autres par Yusef Lateef et Bill Evans, ce standard peu usité fait l’objet d’un traitement qui restitue à merveille l’histoire d’amour passionnel entre le chef des esclaves révoltés et sa maîtresse, Varinia, avec ce qu’il faut de lenteur du thème, de mélodie errante et de dimension tragique rehaussée par les cordes de l’orchestre.

par Laurent Dussutour // Publié le 3 novembre 2024
P.-S. :

Avec : Orchestre Philharmonique de Nice