Isabelle Olivier & Rez Abbasi

S’il est entendu que l’Oasis est un endroit plus fertile qu’alentour, il n’est pas prévu qu’il y tombe des cordes. Et pourtant… Il faut toute la magie et les couleurs charriées par la harpe d’Isabelle Olivier pour que les choses en soient ainsi. Il suffira pour cela d’écouter cette version très énergique de « My Favourite Things » pour comprendre que cette OASIS a toute la lumière possible et l’hygrométrie idéale. La harpiste n’est pas seule : avec elle se joignent d’autres cordes, celles du guitariste Rez Abbasi qui s’allie à merveille avec la française ; cet habitué de Vijay Iyer apporte une puissance et une rigueur rythmique qui naît d’un orientalisme sans fioriture, ce qu’Isabelle Olivier endosse très bien comme on l’entend dans « Cherry Blossom ». Pour accompagner harpe et guitare, on retrouve deux percussionnistes, dont le joueur de tablas Prabhu Edouard qui offre une couleur très particulière à un album fort joyeux.

Comment pourrait-il en être autrement  ? La batterie de David Paycha, très complémentaire d’Edouard, apporte beaucoup d’énergie. La percussion est volubile mais sans ostentation. Ce qui compte ici c’est d’être ensemble. Avec un morceau comme « Stepping Stone  », volontiers mélodique et tirant vers la ballade, le quartet se révèle compact et complémentaire. La guitare, très atmosphérique, joue avec l’idée précise d’encadrer les digressions poétiques de la harpe, qui batifole au milieu des percussions. Pas de recherche systématique d’altérité dans ce disque, même si le travail de Prabhu Edouard est d’offrir du champ à ses camarades (« Cœur qui bat »). Mais tout ce qui sert la narration est bon pour Olivier et Abbasi, dont on avait déjà remarqué le Unfiltered Universe.

OASIS, c’est l’acronyme de Olivier Abbasi Sound In Sound. Une sorte d’alchimie entre deux univers qui se rencontrent sans heurts. Il y a une grande écoute entre les deux, ainsi qu’une curiosité dont ils se sont toujours nourris dans chacun de leurs projets. À tel point que cette rencontre américaine pour le label Enja était inéluctable et basée sur l’envie comme sur la complicité (« Dodeca »). OASIS est un disque joyeux et mutin, à l’image de la harpiste qui n’aime rien tant que nous emmener dans des endroits luxuriants loin de toute aridité. Cette OASIS est une magnifique bouffée d’air frais.