Chronique

Rêve d’Eléphant Orchestra

Dance Dance

Michel Massot (tu, tb), Pierre Bernard (fl), Christian Altehülshorst (tp), Michel Debrulle (perc), Louis Frères (b), Nicolas Dechêne (g), Stéphan Pougin (dms)

Label / Distribution : Igloo

Cinq ans après Odyssée 14, ambitieux projet du Rêve d’Éléphant Orchestra (REO), les Belges du Collectif du Lion reviennent pour fêter un bel anniversaire, celui des vingt ans d’une formation qui a connu ces derniers temps quelques modifications. Si restent à l’affiche les deux inséparables Liégeois, Michel Debrulle et Michel Massot, remarquables sur le rêveur « Papillon » où s’illustre également le guitariste Nicolas Dechêne, on compte des nouveaux. D’abord, le prometteur Louis Frères, dont la basse électrique vient donner une nouvelle couleur à ce si habile pachyderme. Rond, dansant, et plein d’autorité (voir « Fureur volatile » qui gigote comme un éléphant gymnaste), ce membre de l’Œil Kollectif (avec Tom Malmendier) est une sacrée surprise dans l’orchestre, jusqu’à donner le titre de l’album. Dance Dance est en effet directement tiré de sa composition « Danse, Danse, Danse » où la rythmique renforcée (Stéphan Pougin, à la batterie, complète le triangle que Massot augmente parfois au sousaphone) vient batailler avec la flûte toujours virulente de Pierre Bernard.

L’autre nouveauté de ce REO, c’est le trompettiste Christian Altehülshorst qui remplace Jean-Paul Estièvenard et offre une chaleur et une tension inédites. Sur « Quarte Blanche », il se mêle aux soufflants pour donner l’élan nécessaire à de nouvelles pirouettes. Sans se tromper, on peut dire qu’il est un nouveau point d’équilibre dans le septet, qui n’avait peut être jamais laissé autant de place à une individualité. Ce n’est pas pour autant une dépendance, pas davantage une démonstration, mais une invitation à fouiller un peu plus loin dans une virtuosité qui a toujours été omniprésente dans la formation, notamment chez Dechêne.

On ne perd cependant pas de vue, la simplicité joyeuse, qui reste la marque de fabrique du combo belge : Massot signe notamment un réjouissant « Nemo » qui clôt l’album avec une rare légèreté, où Michel Debrulle fait parler toutes sortes de percussions. Mais c’est dans l’emblématique « La Complainte de Bernard » et son thème tout doux et nostalgique qu’on retrouve un REO immuable, plein de spleen et de poésie. Le morceau, signé par le flûtiste Pierre Bernard, offre une belle dynamique de groupe qui nous transporte dans un univers onirique qui est un lieu familier. Une marque de fabrique. De quoi offrir un bel anniversaire à ce beau mastodonte belge.