Etrange album que cet Alone d’Ivan Paduart, de par sa construction. En effet, pas moins de 23 titres s’y succèdent. Avec un nombre aussi élevé de compositions (toutes de lui à l’exception de « You Must Believe in Spring »), peu dépassent les deux ou trois minutes. Dommage car cela ne nous donne souvent droit qu’a l’exposé du thème, sans le développement. D’un autre côté, on ne pourra pas lui reprocher des bavardages excessifs… Perturbant donc, de n’avoir que des débuts d’histoires, sans qu’on nous en raconte ni les péripéties ni la fin…
D’autant plus que l’album s’ouvre sur les très beaux « So » et « Renaissance », qui donnent à entendre le touché délicat et inspiré de ce pianiste belge. Ivan Paduart ne s’aventure jamais dans des délires pianistiques - son jeu conserve une certaine rigueur. Toutefois, il ne manque jamais de souplesse ni de variété, comme dans « Life As It Is » par exemple, où il nous emmène à travers de belles envolées « ondulantes » en jouant sur les accélérations et ralentissements.
La vigueur et la brillance - sur « Igor » ou « Blue Landscapes » - côtoient avec bonheur le romantisme et l’introspection - sur « Zen ».
On y sent les influences ici d’un Bill Evans, là d’un Keith Jarrett. Cependant, Paduart ne s’y enferme pas : il réussit toujours à imposer une belle personnalité. Mais pourquoi semer ces ébauches qui, loin d’être inintéressantes, nuisent à la cohésion et au discours singulier de l’album ?