Chronique

Marcin Wasilewski Trio

January

Marcin Wasilewski (p), Slawomir Kurkiewicz (b), Mical Miskiewicz (dm)

Label / Distribution : ECM

On connaît le trio de Marcin Wasilewski pour l’avoir souvent entendu avec Tomasz Stanko ces dernières années. Manfred Eicher ne s’est pas trompé sur la qualité de ce jeune groupe polonais en proposant de produire son premier album (Trio, 2005) sur son prestigieux label. Il récidive cette année avec January.

Est-ce à dire que le Marcin Wasilewski Trio sonne comme un « produit » ECM ? Ce serait prendre un raccourci un peu trop simpliste et sans doute maladroit. Bien sûr, à l’écoute de « The First Touch », on est d’emblée plongé dans l’univers délicat (et un peu aseptisé, voire froid, diront ses détracteurs) caractéristique de la maison de disques allemande. Mais peu à peu, imperceptiblement, le trio prend ses marques et impose son style.

Sur ses propres compositions, le leader propose un swing soyeux et sensuel soutenu par le jeu tout en nuances de la rythmique. Le toucher de Wasilewski est léger et volubile. Le pianiste distille les notes avec subtilité et élégance. Le batteur et le bassiste, impeccables de précision, se permettent quelques belles interactions pour ajouter de la profondeur et du relief au propos. « The Cat », introduit magnifiquement par la contrebasse chantante de Slawomir Kurkiewicz et rehaussé par les interventions inventives de Michal Miskiewicz à la batterie, en est un parfait exemple. L’influence d’un Bill Evans ou d’un Keith Jarrett est perceptible, mais le trio compte bien explorer d’autres pistes.

Il reprend donc à son compte un morceau de Gary Peacock (« Vignette »), un autre de Tomasz Stanko (le sombre et introspectif « Balladyna ») ou encore le magnifique « King Korn » de Carla Bley, démontrant par là une envie d’ouvrir sa palette de styles et d’influences définies. D’ailleurs, dans un tout autre genre, Wasilewski redessine avec beaucoup de bonheur le « Diamonds And Pearls » de Prince, ou le « Cinema Paradiso » d’Ennio Morricone. Les mélodies sont finement ourlées, les ornements musicaux souvent très inspirés. Le trio prend ici des libertés qui projettent sur ces thèmes populaires un éclairage nouveau et, ce faisant, démontre un savoir-faire qu’on se doit de saluer.

January est un disque serein où courent toutefois des tensions maîtrisées, riche en nuances délicates et en jolies surprises. On est curieux de découvrir ce que seront February, March