Scènes

Jazz à Vienne 2014, sous le signe de l’éclectisme

Il n’y a pas un mais « des » publics à Jazz à Vienne. Le festival s’est souvent ouvert à de nombreux genres musicaux. Cette année, il n’en manque pas un à l’appel. Du 27 juin au 12 juillet.


Ce ne seront pas les stars qui manqueront, de Stevie Wonder à Robert Plant en passant par Jamie Cullum. En résidence, Youn Sun Nah, qui se produira notamment en quartet.

Les amateurs de jazz pur et dur ont sans doute haussé les épaules en lisant le programme de Jazz à Vienne 2014, qui va bientôt commencer à déployer ses notes bleues. Effectivement, aucun genre musical n’est oublié. Même pas le classique puisque Leonard Slatkin, prestigieux chef américain de l’Auditorium de Lyon, sera sur la scène du Théâtre antique le 2 juillet en compagnie de l’Orchestre National de Lyon et de la star du jazz italien, Stefano Bollani, un pianiste très généreux sur scène (on a d’ailleurs pu l’écouter récemment à l’Auditorium en compagnie de ce même ONL - un régal). C’est Gerswhin qui, cette fois, sera au programme.

Les amateurs de pop et de rock seront également comblés ; citons Robert Plant, ex-Led Zeppelin (1er juillet), ou Ben l’Oncle Soul - mais sans Jeff Beck, originellement prévu le 6 juillet dans le cadre d’une soirée « guitare » mais qui a annulé toute sa tournée européenne. Il y aura tout de même une tête d’affiche, mais pour une « extra-night » [1] : Stevie Wonder qui jouera le 14 juillet à guichets fermés : les billets se sont arrachés en l’espace d’une heure. Stevie Wonder sera rare cet été en Europe, et on viendra de loin pour l’écouter.

Les fans d’électro-funk recevront aussi leur dose de décibels avec, en pré-ouverture, sur la scène du Théâtre antique, « Jungle by Night ».

Paolo Conte sera la tête d’affiche de la soirée d’ouverture (28 juin). Tradition oblige, il y aura aussi au programme les traditionnelles « nuits » de Jazz à Vienne : celle du Brésil (10 juillet), en osmose avec la Coupe du Monde de football, verra Sergio Mendes au Théâtre antique, et la « Nuit africaine », (11 juillet) avec Youssou N’dour. Stéphane Kochoyan, directeur de Jazz à Vienne, enrageait l’an dernier de n’avoir pas pu programmer Kool and the Gang ; cette année il a réussi son coup ! Ce sera le 30 juillet.

Au vu de cette diversité, inutile de chercher un fil rouge : il n’y en a pas ! On l’aura compris, cette édition 2014 évolue, comme la plupart des autres festivals de nos jours, dans tout le spectre des styles, en restant plus ou moins près du jazz. Oui, au fait : et le jazz dans tout ça ? Rassurez-vous, il est toujours présent ; de plus, cette année encore, la jeune génération sera privilégiée, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.

Au Théâtre antique, notamment lors des « sets découvertes » précédant les poids lourds, mais aussi ailleurs, à commencer par le Club de Minuit (le théâtre municipal transformé en cabaret jazz pour l’occasion), qui a l’avantage d’être gratuit. On ne le sait pas assez, mais sur l’ensemble de la programmation de Vienne, plus de la moitié des spectacles le sont. Et de fait, c’est là qu’on entendra le plus de jazz puisque ces scènes ne subissent pas la même contrainte que le Théâtre, à savoir remplir à ras bord une imposante jauge de 7 300 spectateurs (l’équivalent d’un Zénith, mais en plein air).

On pourra y entendre Youn Sun Nah, qui a fait chavirer le théâtre antique l’année dernière. Elle se produira à plusieurs reprises car elle est en résidence pendant les quinze jours du festival. Excellent choix ! On reverra aussi Ibrahim Maalouf, consacré à Vienne par les Victoires du Jazz 2013, ainsi que Leyla McCalla (le 2 juillet au Club de Minuit). On ne manquera pas non plus la soirée présentée par Quincy Jones, consacrée, là encore, à la fine fleur du jazz actuel qu’il couve avec passion. Ce sera l’occasion d’écouter The Amazing Keystone Big Band interpréter des arrangements de l’Américain (« New Generation by Quincy Jones », 3 juillet).

La « French touch » aura aussi sa soirée, avec quelques fleurons du jazz hexagonal : Manu Katché accompagné d’Eric Legnini et de Stefano Di Battista, mais aussi le quartet de Daniel Humair et, pour finir, le quintet des frères Moutin au sein duquel on retrouve Thomas Enhco, distingué lui aussi l’an dernier lors des Victoires de la Musique, puis Christophe Monniot (8 juillet).

Ajoutons à cette longue liste Gregory Porter (12 juillet, soirée de clôture), Bobby McFerrin (9 juillet) dans un répertoire de negro spirituals et l’une des vedettes du festival, Jamie Cullum (7 juillet) qui, à l’image du melting pot ambiant, mélangera les genres mais devrait être plus rock, dans la lignée de son sixième album, Momentum.

On ne peut s’empêcher de remarquer que cette édition très masculine. Si l’on excepte Youn Sun Nah et Leyla McCalla déjà citées, et Eliane Elias ou Fatoumata Diawara sur la grande scène, on ne trouve guère qu’Anne Quillier, Elodie Pasquier du duo orTie et Zara McFarlane dans la programmation.

On est très loin de la parité.

par Dominique Largeron // Publié le 30 juin 2014

[1Cela signifie que la soirée, raccrochée tardivement par les organisateurs, est hors abonnement.