Tribune

Jazz à Vienne compte ses directeurs remerciés

Nommé directeur cinq mois plus tôt, Christophe Bonin a claqué la porte du festival le premier soir de la 31e édition.


Nommé directeur cinq mois plus tôt, Christophe Bonin a claqué la porte du festival le premier soir de la 31e édition.

Plus facile de constituer un EPIC pour Jazz à Vienne que de recruter la personne adéquate pour diriger le festival ? On serait enclin à le croire.
Le 29 juin 2011, alors que la 31e édition s’apprêtait à démarrer, Christophe Bonin, nouveau directeur de Jazz à Vienne, claque la porte. On ne le reverra pas. L’administration du festival évoque alors un « arrêt maladie » alors qu’était déjà acquise, dans le landerneau politique rhônalpin, la démission de celui qui devait devenir la clef de voûte du festival. De fait, le dernier jour du festival, Christian Trouillet, président de la Communauté de communes du Pays viennois, tutelle de l’EPIC, avouait la supercherie. Evoquant une « erreur de casting », il confirmait que Christophe Bonin ne reviendrait pas, mais ne fournissait aucun motif à ce départ.

Pour l’heure, Christophe Bonin n’a pas donné sa version des faits.

Etrange départ, en tout cas, dans la mesure où le recrutement du directeur appelé à succéder à Jean-Paul Boutellier avait été mené de façon plus que rigoureuse : annonces dans la presse (Le Monde, Télérama), intervention d’un cabinet spécialisé, constitution d’un jury objectif etc. Au total, ledit cabinet avait reçu une soixantaine de réponses.
Au terme d’une première sélection, un jury comprenant les principaux élus concernés plus Jean-Paul Boutellier, le fondateur du festival, avait retenu cinq à six noms. Pour finir, un second jury, limité cette fois à trois élus et à deux responsables de services municipaux, a reçu les deux candidats restés en lice et retenu Christophe Bonin. Parmi les impétrants écartés, Stéphane Kochoyan, pianiste, déjà président de plusieurs festivals de jazz (dont Barcelonette, Nîmes et Orléans) qui, via sa structure, Jazz 70, « embauche 2 200 musiciens pour plus de 100 000 spectateurs par an dans 5 festivals en valorisant tous les styles de jazz, du local à l’international » (dixit Wikipedia). Le jury, lui, avait, semble-t-il, privilégié l’expérience de Christophe Bonin, directeur du Palais du Facteur Cheval.

Vous avez dit bizarre ?

Arrivé à Vienne en cours de saison, M. Bonin n’a évidemment pas été partie prenante de la 31e édition, qui s’est refermée le 13 juillet 2011. Selon les engagements de l’EPIC, la transition entre Jean-Paul Boutellier et lui devait se faire progressivement, notamment en vue de l’édition 2012, dont la programmation avait déjà démarré.
Alors ? Que s’est-il passé durant les « cent jours » qui ont amené ce directeur, plutôt ravi de son poste (voir l’interview qu’ils nous avait accordée en mai), à démissionner ?

Des vagues déclarations embarrassées de Christian Trouillet lors du point presse du 13 juillet, on aura simplement retenu que le prochain directeur serait nommé « avec l’aval » de Jean-Paul Boutellier, laissant entendre que ça n’avait pas été le cas pour Christophe Bonin.

Quoi qu’il en soit, la succession s’avère délicate : il est, de fait, le troisième directeur de Jazz à Vienne à être ainsi « démissionné » après Jacques Launay (trois ans) et Philippe Delberghe (un an).

L’épilogue Kochoyan

Quoi qu’il en soit, Christophe Bonin parti, la voie était libre pour rappeler Stéphane Kochoyan, finaliste malheureux. Selon diverses sources, l’EPIC, réuni en conseil d’administration dans le milieu de la semaine passée, l’a en effet désigné officiellement nouveau directeur de Jazz à Vienne. Il devrait prendre ses fonctions début novembre.

La question qui se pose évidemment est celui du périmètre de ces fonctions : agira-t-il à Vienne comme à Orléans, Barcelonette ou Nîmes ? Ou bien cumulera-t-il la gestion, l’animation et la programmation du festival et du théâtre antique ?

Selon nos informations, lors de sa première candidature, il s’était engagé à cesser de diriger ces festivals à la fin de l’été 2011 pour se consacrer pleinement à Vienne. Il est vraisemblable que l’EPIC ait posé des conditions similaires afin que Jazz à Vienne soit bel et bien piloté par un directeur à plein temps.