Chronique

Jean-Jacques Avenel

Solo - live at Pôle Sud 15.11.2011

Jean-Jacques Avenel (b)

Label / Distribution : Jazzdor Series

Dans le cadre des Jazzdor Séries dont c’est ici le volume numéro 4, le label Jazzdor issu du festival strasbourgeois édite un enregistrement posthume de Jean-Jacques Avenel. Capté live et en solo le 15 novembre 2011, il constitue à la fois un testament et un legs du contrebassiste disparu en 2014. Avec beaucoup d’émotion nous retrouvons, en effet, en une petite heure, la sonorité ronde et précise qui était sa marque. Son impeccable articulation se met au service d’une narration sobrement lyrique et emprunte à tous les possibles de l’instrument. Authentique rythmicien bien évidemment, sur des riffs qui gonflent avec assurance, Avenel fait également montre d’un sens mélodique qui retient particulièrement l’attention et transforme l’exercice parfois austère du solo de contrebasse en un moment d’une grande musicalité.

Développé en phrasés amples, le son est chargé de la richesse d’un parcours et des rencontres d’une vie : de celle avec Steve Lacy, bien sûr (évoqué sur la deuxième partie) à ce jeu en harmoniques qui rappelle la kora (instrument africain que pratiquait Avenel), il alimente son improvisation de ses propres réminiscences, évitant pourtant de les exposer comme telles. Ne cherchant pas à afficher quoi que ce soit, il joue de plain-pied avec son auditoire, à hauteur d’homme pourrait-on dire.

Peu de dissonances et beaucoup de délicatesse, les passages à l’archet notamment laissent éclater des instants de lumière. S’il génère son propre emportement avec une énergie souple, sans faillir sur la dynamique générale, il reste toutefois maître de son propos et préfère la concision à des digressions inutiles. On imagine aisément la concentration nécessaire à l’émergence de cette intériorité. De cette combinaison de jeux a priori naturelle monte un chant intérieur qui est non seulement le portrait d’un homme, mais également une éthique musicale.