Chronique

Ches Smith and We All Break

Path of Seven Colors

Sirene Dantor Rene (vocals), Miguel Zenón (as), Matt Mitchell (p), Nick Dunston (b), Daniel Brevil (tanbou and vocals), Fanfan Jean-Guy Rene (tanbou and vocals), Markus Schwartz (tanbou and vocals), Ches Smith (dms, percussion, vocals)

Label / Distribution : Pyroclastic Records

Batteur complet et compositeur averti, Ches Smith est principalement connu pour ses explorations au côté de la scène américaine de création trans-esthétique. Mr Bungle, Ceramic Dog de Marc Ribot, Snakeoil de Tim Berne sont les formations les plus emblématiques auxquelles il participe et dans lesquelles il donne à entendre un savoir-faire indiscutable et une finesse d’interprétation qui en font un musicien d’importance.

Surprenant donc, le projet qu’il propose aujourd’hui chez Pyroclastic Records. Entouré de sept musiciens, il s’adonne sans retenue à une musique caribéenne, principalement celle accompagnant les rituels vaudou. Outre le combo de la batterie, quatre joueurs de tambour l’accompagnent dans une polyrythmie luxuriante qui tapisse le répertoire en son entier et font immédiatement voyager vers des contrées exotiques pour celui qui habite le continent européen, tout autant autant dépaysantes pour le New-Yorkais qu’est Ches Smith.

Averti cependant puisque lui-même membre de formations pratiquant cette religion, sans être pour autant croyant (voir notre entretien), il ne cherche pas à dénaturer l’esprit de cette pratique mais à lui rendre un hommage personnel. D’où d’ailleurs, un disque articulé selon deux axes. D’abord, des chants traditionnels ou composés par son partenaire Daniel Brevil agrémentés d’interventions jazzistiques puis dans une seconde partie des titres hybridés qui conservent l’esprit de départ mais se métissent d’une approche plus avant-gardiste.

Autour du piano volubile de Matt Mitchell, parfaitement à son aise dans la surenchère ryhtmique (voir son dernier disque au côté de la batteuse Kate Gentile), les structures s’aèrent un peu pour laisser la place au saxophone tonique de Miguel Zenón. Entouré par des murs de percussions qui le propulsent et l’enferment, il n’a d’autre échappatoire que l’envol dans une transcendance enthousiaste.

L’écoute intégrale et ininterrompue est recommandée pour ce Path of Seven Colors qui prend une dimension nouvelle lorsque l’oreille transpire au contact permanent d’une musique colorée et énergique, voire énergétique et qui incite immanquablement à la danse.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 19 décembre 2021
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