Chronique

Jérémy Lirola

Uptown Desire

Jérémy Lirola (cb), Denis Guivarc’h (as), Jozef Dumoulin (p, Fender), Nicolas Larmignat (d)

Label / Distribution : La Buissonne / Harmonia Mundi

Jérémy Lirola est un musicien que nombre d’entre nous ont déjà croisé en tant que sideman dans différentes formations. Il a notamment participé pendant seize ans au Bernard Struber Jazztet, ex-ORJA (Orchestre Régional de Jazz d’Alsace), une superbe formation qui répond quelquefois aussi au doux nom de « Struber z’tett ». Son parcours est également lié à Jean-François Jenny-Clark qu’il considère comme sa « première grande rencontre ». Jérémy Lirola est donc allé à bonne école, de celles qui vous transforment un instrumentiste en musicien.

Le line-up est lui aussi plein de promesses. Car, aux côtés du contrebassiste, on trouve Denis Guivarc’h au sax alto, Jozef Dumoulin aux claviers et Nicolas Larmignat dont le jeu de batterie, souvent en contrepoint, apporte beaucoup. Des musiciens de haut vol.

Uptown Desire laissait donc présager de très bonnes choses. Elles s’avèrent excellentes, déclinées en neuf pistes et faites d’une matière dense et volumineuse. « Insufficient Words », qui débute l’album, commence sur quelques notes de contrebasse rapidement rattrapées par la batterie et le Fender Rhodes puis le saxophone alto. C’est toute l’esthétique de ce disque qui se trouve résumée ici. Les lignes de chaque instrument cheminent et se combinent pour créer un univers d’éléments qui semblent presque évanescents. Tout est fait d’une multitude de touches infimes pour constituer une matière sonore très concentrée.

Pas de solo tonitruant. Pas même dans la seconde partie de « Art The Last Belief » où, tandis que basse et batterie donnent dans un groove efficace, plane un chorus de sax jubilatoire. C’est une esthétique de la discrétion à l’instar de « Bello By Bus » qui clôture l’album par un motif de quelques notes que Denis Guivarc’h décline d’un bout à l’autre de ce morceau, de manière obsessionnelle. Ces mêmes notes qui nous trottent en tête un bon moment après la fin de l’écoute. Très délicat.