Chronique

Joe Barbieri

Chet Lives

Joe Barbieri (g, voc), Antonio Fresa (p), Luca Aquino (tp, bugle), Furio Di Castri (b), Marcio Faraco (voc, g), Stacey Kent (voc), Nicola Stillo (g, fl), Giacomo Pedicini (b)

Label / Distribution : Le Chant du Monde

Chanteur, guitariste, le Napolitain Joe Barbieri - à peine quarante ans - réussi tout ce qu’il entreprend. Chet Lives en est un excellent exemple. Sans doute le plus saisissant – en tout cas, pour ceux qui aiment le jazz – après In parole povera, Maison Maravilha ou Respiro.

Cet hommage à Chet Baker (innombrables cette année, pour les vingt-cinq ans de sa disparition) est de ceux qu’on écoute avec le plus de plaisir. Parce que les couleurs y sont admirables et nombreuses. Parce qu’une attention intelligente est apportée à tout ce qui se joue et se chante ; le piano d’Antonio Fresa, remarquable, surprend dès la première mesure par son ampleur, sa sonorité, sa justesse d’expression. Parce que le troisième pilier du trio, le trompettiste Luca Aquino, « bakerien » sans en faire trop, intervient avec l’économie qui convient en pareil contexte : avec une maîtrise sans défaut.

Les invités sont nombreux et prestigieux. C’est le cas de la chanteuse Stacey Kent sur « I Fall In Love Too Easily », de Marcio Faraco sur « But Not For Me », de Furio Di Castri, excellent contrebassiste, sur « Arrivederci ». On n’oubliera pas davantage la guitare et la flûte de Nicola Stillo, ni la contrebasse de Giacomo Pedicini sur Chet Lives.

Tout cela pour un moment de musique belle et vraie, pleine de vie. Comme le titre de l’enregistrement le souligne avec pertinence. Manque cependant, non pas l’émotion, souvent présente, mais une part d’invention, de surprenante création, qui aurait pu faire de cet hommage une sorte de référence. Car Joe Barbieri qui a appris la musique dès l’âge de quatre ans et monté son premier groupe à douze, qui, notamment par sa rencontre avec Pino Daniele, a connu immédiatement le succès, n’est pas un « inventeur. » Il peut bien se présenter comme une « anomalie », celle de « l’irrésistible melting pot qui relie la world music et le jazz » et, ici, se placer résolument du côté du jazz, on se prend à espérer – car il a bien du talent – quelque chose de plus personnel. En attendant, ne nous refusons pas le plaisir de ce Chet Lives, lequel, pour conclure, a un mérite notable : on peut le réécouter sans se lasser et même y découvrir, en quelque détour inattendu, des éclats de lumière encore… « inentendus ».