
Johnson, Raanan, Salem
I’ll See You Again
Neta Raanan (ts), Max Johnson (b), Eliza Salem (d)
Label / Distribution : Adhyâropa Records
Il est des rendez-vous qui sont devenus réguliers, dans des contextes souvent élégants et pourvoyeurs de nouveauté. Voici quelques années que le contrebassiste Max Johnson, sur son label Unbroken Sounds ou ailleurs, nous propose de petites formations qui parviennent à renouveler, ou du moins aérer des formules pourtant très classiques. Il en est ainsi de I’ll See You Again, qu’il partage avec deux jeunes musiciennes à surveiller, la saxophoniste ténor Neta Raanan et particulièrement la batteuse Eliza Salem qui fait ici forte impression. Si la première avait interpellé l’an passé sur un autre disque en trio avec le jeune contrebassiste chilien Simón Willson, l’énergie et la fluidité de Salem est très plaisante, notamment lors de ces discussions avec Johnson, à l’instar de « Barbarous Jape » qui ouvre l’album sur un morceau très ouvert démontrant ses grandes qualités de coloriste. Née à Washington DC, la percussionniste est sur la scène de Brooklyn une valeur montante. Cette revue des formes classiques du trio de jazz avec Raanan et Johnson le démontre.
« Chesnut Squid » permet de retrouver le jeu très fluide et sans clinquant de Max Johnson, que l’on sait - depuis Tubes, ou mieux encore son trio avec Vinnie Golia - à l’aise dans tous les climats. Il y a une vraie chaleur ici, bien entretenue par le jeu placide et très rond de Raanan. La saxophoniste est discrète et sans fioriture ni rupture, mais elle joue avec pondération, suivant le chemin lumineux de la base rythmique. Une doublette basse-batterie qui ne cherche pas non plus la vindicte mais plutôt la concorde et même une certaine douceur sur « Tiny Beautiful » où la contrebasse s’alanguit pour une ballade sans décorum qui danse sur la caisse claire. Simple et classique.
Max Johnson joue beaucoup avec ce classicisme de façade, entre citations avortées et walking bass suggérée. Derrière ce contexte au vocabulaire sobre, le trio cultive la liberté et nourrit la modernité tout en restant typiquement new-yorkais. « Farewell To Old Friends » en est la clé, un brin nostalgique ; le ténor de Neta Raanan joue un son très pur que la contrebasse enserre comme on embrasse. Un disque léger et très bien réalisé.