Chronique

Judith Owen

Come On & Get It

Judith Owen (voc), David Torkanowsky (p), Lex Warshawsky (b), Pedro Segundo (dms).

Label / Distribution : Twanky Records

Cette chanteuse galloise établie à La Nouvelle-Orléans, née en 1968, rend ici hommage à ses immenses prédécesseuses que furent Dinah Washington et autre Annie Ross… En choisissant des titres emblématiques du désir féminin, elle esquisse les contours d’un manifeste pré « #metoo », jouant de registres vocaux empruntant à l’innocence feinte d’une Blossom Dearie (qui était en fait une authentique blueswoman) ou à la sensualité volcanique d’une Peggy Lee (qui, elle, était en réalité une redoutable cheffe de big-band). Elle a confié au pianiste-arrangeur Dave Torkanowsky, légende de la Crescent City, le soin de recruter un orchestre constitué de musiciens éminents de la cité créole. Sans romantisme ni vulgarité, le swing capiteux de cet assemblage très bankable s’écoute avec force respect, tant il invite à renouer avec la libido féminine, que la domination masculine, toujours présente dans les scènes de jazz, en dépit des efforts de nombre d’actrices et d’acteurs de ces dernières, continue à ignorer. Les femmes qui chantent le jazz sont dangereuses, nous susurre Judith Owen.

par Laurent Dussutour // Publié le 7 janvier 2024
P.-S. :

Avec : Scott Frock (tp), Kevin Louis (cornet), Evan Christopher (cl), Jeronne Ansari (as), Ricardo Pascal (ts), Brad Walker (bs), Charlie Halloran (tb), T.J. Norris (tb)