Chronique

Kamau Daa’ood

Notes d’un griot de Los Angeles

Label / Distribution : Castor astral

C’est la musique, autant que la poésie, qui est à l’œuvre à chaque instant dans les Notes d’un griot de Los Angeles de Kamau Daa’ood, auteur mythique de L.A., qui viennent d’être publiées au Castor Astral (édition bilingue).
Ces « notes » constituées de vingt-sept poèmes sont, en effet, comme habitées par les musiciens de jazz et leurs instruments, saxophones en tête, aussi bien que par l’esprit du jazz tout entier. Parce qu’ils sont cités, parce qu’ils servent de référence. Mais aussi et surtout, plus fondamentalement, parce que tous les textes de ce recueil se déploient comme autant de morceaux en solo, en trio, en quartet, en big band… ils en ont le rythme, l’intensité, la brûlure. A chaque strophe, à chaque ligne.

Ici l’écriture est parole et musique tout à la fois.
La question est alors : que peuvent encore nous dire les mots à propos de la musique ?

Daa’ood montre qu’il y a les mots écrits et ceux qui sont prononcés par une voix. Les mots de la pensée et ceux de la chair. Il est bien possible que ceux-ci soient à l’origine de ceux-là, qu’ils en soient comme la condition d’existence même. Mais qui pourrait l’affirmer avec certitude ? On a parfois écrit le contraire.
Il vaut sans doute mieux comprendre, face à cette question, qu’il y a une « parole » au sens où, dans un autre contexte culturel, le poète Yves Bonnefoy l’affirme. Une parole qui se trouve bien en-deçà de la dichotomie entre écrit et parlé. Une parole qui désigne la poésie, la création, l’invention ; et par conséquent l’improvisation, voire le jazz, ou la musique en soi.

C’est pour cela sans doute qu’on écoute la « parole » de Kamau Daa’ood comme on écoute Charlie Parker ou Lester Young, Mingus ou bien d’autres. On peut aussi écouter son premier album, Leimert Park, (Mama Records), avec Billy Higgins (dm, g), Horace Tapscott (p), Art Davis (b) et James Newton (fl).