Chronique

Ella Fitzgerald

Sings the George and Ira Gershwin Song Book

Ella Fitzgerald (voc), Nelson Riddle (direction), divers musiciens détaillés sur le livret

Label / Distribution : American Jazz Classics

1959. George Gershwin est mort depuis 20 ans, des suites d’une tumeur au cerveau. Son frère, Ira, garde le temple familial avec ferveur, dépoussiérant quelque peu le répertoire pour l’adapter aux nouvelles conditions de l’industrie musicale. Il a fait appel au chef d’orchestre arrangeur Nelson Riddle pour intégrer la voix d’Ella Fitzgerald avec un orchestre constitué de requins de studio parmi lesquels on retrouve quelques instrumentistes légendaires tel le clarinettiste Buddy Collette - alias William Mancel -, ou encore le batteur Mel Lewis, voire les contrebassistes Joe Mondragon et Joe Comfort - avec ce dernier, ça ne peut que swinguer confortablement ! La chanteuse, elle, vient de mettre tout le monde d’accord avec son scat enfiévré : des boppers aux traditionalistes, elle s’impose comme l’horizon indépassable du jazz vocal. Alors âgée de quarante-et-un ans, elle ne sait toujours pas lire convenablement une partition mais elle s’est constitué son propre système de déchiffrage, si bien que c’est véritablement elle la cheffe d’orchestre, avec sa perfection vocale pour toute boussole de l’ensemble symphonique. À peine a-t-elle droit à un petit scat sur « I Got Rhythm », ce thème dont les boppers firent leur miel. Elle se plie aux règles du métier avec grâce. Plus d’un demi-siècle s’est écoulé depuis ces sessions. On les (re)découvre comme autant de trésors.