Chronique

Alban Darche, Sébastien Boisseau, Gábor Gadó

Budapest Concerts

Alban Darche (ts), Sébastien Boisseau (b), Gábor Gadó (g)

Label / Distribution : BMC Records

Figures de proue des labels Yolk et BMC, ces trois-là sont des compagnons de longue date qui participent tour à tour aux différents groupes des uns des autres pour notre plus grand bonheur. A l’image d’une scène européenne très active - dont ils sont parmi les meilleurs représentants -, on peut suivre leurs albums et concerts successifs avec l’assurance de faire de belles découvertes et d’assister à l’évolution d’une musique en perpétuel renouvellement.

Pour ce premier enregistrement en trio, le programme était clair : prendre le contre-pied des habitudes communes, que ce soit avec le quartet d’Alban Darche ou bien Trumpet Kingdom. Il est question ici de liberté déployée et explorée à partir d’un matériau de base dont le seul objectif est de servir de rampe de lancement aux aventures du trio. Enregistrés lors d’une série de concerts donnée lors du MOL Budapest Jazz Festival en septembre 2009, ces Budapest Concerts sont un grand moment d’inspiration. Celle-ci nourrit le mélange des lignes de saxophone et de guitare, appuyé sur la contrebasse vertébrale de Sébastien Boisseau.
Dans l’espace libéré le souffle de Darche, à la fois léger et profond, se livre à des échanges perpétuels avec les phrases claires ou les zébrures stridentes de Gábor Gadó. Bien que les compositions soient simples, on reconnaît au premier coup d’oreille la patte du saxophoniste nantais, sa faculté de créer des mélodies mémorables en serpentant entre jeu, surprises et infleucnes d’Europe centrale avec un talent unique pour mettre en avant ses partenaires.

La musique, qui navigue avec fluidité et naturel d’un instrument à l’autre, fait parfois pense au concert en trio de Michel Petrucciani, Wayne Shorter et Jim Hall [1] ou à une version moderne de l’œuvre de Jimmy Giuffre. Face à ce dialogue des grands espaces, avec au centre la contrebasse majestueuse, on a l’impression que les trois musiciens entrent en résonance tant ils savent se trouvent les yeux fermés.

Une musique étonnante, revigorante, jouissive, qui s’affirme avec douceur et candeur. Il faudra découvrir ce trio sur une scène française [2] tant ces concerts hongrois sont alléchants !

par Julien Gros-Burdet // Publié le 16 août 2010

[1Power Of Three - Blue Note, 1987

[2Par exemple, le 18 novembre 2010 au Pannonica, à Nantes.