Le Lavoir Moderne en danger ?

Communiqué du 13 décembre 2006 :

Menace de fermeture
sur le Lavoir Moderne Parisien

Les services de Police proposent la fermeture administrative du LMP suite au festival « Nous sommes tous des Africains », mettant ainsi en cause le rôle culturel et social d’une fête de quartier.

Chaque été, le lavoir moderne parisien organise un festival eurafricain, mettant en scène les cultures du quartier de la Goutte d’Or à Paris. A cette occasion, tous les mercredis, un repas de rue réunis autour de plats africains les habitants du quartier et de nombreux Franciliens venus goûter à cette ambiance conviviale et bonne enfant dans l’esprit de partage.

Ce festival à reçu 25 000 visiteurs pour cette 7ème édition et est soutenue par la Mairie de paris, la Mairie du XVIIIème arrondissement, la délégation à la politique de la ville, le Ministère de la Jeunesse et des sports, et est labellisé par le Ministère des Affaires Etrangères au titre de la Francophonie.

Toutes les autorisations ont été délivrées par l’administration pour que les repas de quartier se déroulent en toute sécurité, et de fait, aucun débordement ni aucune plainte n’ont été constatés.

Après 20 ans d’existence, l’association emploie 17 salariés et accueille 100 000 visiteurs par an avec un budget de 480 000 euro dont 120 000 euro de subventions en 2006.

C’est pourquoi nous sommes terriblement surpris d’apprendre que les services de Police demandent une fermeture du lavoir moderne parisien pour « ouverture illicite d’un débit de boisson » en omettant de préciser que le Lavoir moderne parisien dispose d’une licence restaurant autorisant la vente de boissons, et pour « tapage » à 21h35.

Je vous demande de signer le manifeste culturel des quartiers de France afin de convaincre le Préfet de Police de Paris de la nécessité des fêtes de quartier, pour « fortifier le lien social dans la convivialité et la sérénité, protéger la diversité culturelle », et éviter la fermeture de l�unique salle de spectacle du quartier.

Nous espérons tous inverser une telle proposition qui pourrait s’apparenter à un déni de démocratie.

• Hervé Breuil, directeur.

Signer la pétition

Territoires symboliques

Le lavoir moderne parisien est installé depuis 1986 dans le quartier de la Goutte d’Or. De la « zone sensible » à la « politique de la ville », ce territoire multiple mérite un débat de fond avec l’éclairage d’une expérience de terrain.

Toute action artistique en milieu urbain doit intégrer aujourd�hui expérience sociale, responsabilité politique, et pensée symbolique.

Après 20 ans de pratique de la démocratisation culturelle, qui place le citoyen et l’artiste au centre d’une responsabilité collective, nous pouvons tenter une nouvelle lecture de ce quartier entre quart monde et mondialisation, défini par des territoires d’expérimentations :

• un quartier d’accueil interculturel, permettant l’interaction entre expressions culturelles, valeurs, modes de vie et représentations symboliques ;

• des espaces de solidarités nouvelles, où l’on peut découvrir les expériences de la marge sociale refusée par la société actuelle, et la composition d’un vivre ensemble avec de nouvelles valeurs de solidarité, entraînant une mutation profonde de nos représentations, et de nos conduites ;

• des centres de créativité artistique, culturelle, sociale, avec des expressions qui font le lien entre histoire des peuples et valeurs mondialisées de notre société, reflet de l’évolution réelle d’ une société en prise sur le monde.

La démocratie culturelle à crée dans nos quartiers, une perspective réel de l’évolution sociale et culturelle du monde et de notre avenir, en parallèle au modèle commun de civilisation. Refuser de considérer la réalité vivante de nos quartiers en évolution, c’est prendre le risque d’ un éclatement de la société actuelle.

L’évolution de nos quartier fait place à de nouveaux territoires symboliques qui superposent pratiques sociales, démocratie culturelle, société virtuelle et médiatique, idéologies politiques, et expériences spirituelles.

La démocratie culturelle, où les citoyens sont sujets et acteurs de leur développement, doit aujourd’hui lutter contre les « totalitarisme symboliques » que sont les dérives du communautarisme, de la société virtuelle, du populisme politique, de l’apartheid social, qui conduisent à la fuite de l’ individu vers des conduites à risque (drogue, suicide, délinquance, sectarisme…).

Quartier d’expérimentation et de solutions, la Goutte d’Or doit servir d’exemple à l’émergence d’une république multiple sur la base d’une démocratie culturelle.

• Hervé Breui, directeur.

L’article du Parisien