Les Victoires du Jazz 2020
Un documentaire de Thierry Teston
C’est dans le contexte d’une crise sanitaire aux conséquences majeures pour l’art et les artistes que prend place ce nouveau palmarès.
Un palmarès riche de promesses et d’enthousiasme, marqué par le plaisir de jouer, de se retrouver après tant de concerts et de festivals annulés.
Tourné au sortir d’un confinement qui restera dans toutes les mémoires, le documentaire réalisé par Thierry Teston tient lieu de cérémonie dans le décor graphique de la piscine Molitor à Paris.
C’est là, dans la quiétude d’une cathédrale de faïence pas encore rendue à son public habituel, que les lauréats de chaque catégorie (les 3 nommés de la catégorie Révélation) ont pu jouir du temps nécessaire pour jouer leur musique et revenir sur leur propre parcours, comme autant de petites bulles intimes offertes aux téléspectateurs. Par touches, le film donne à voir et à écouter une scène hexagonale riche de couleurs et de registres, variant les plaisirs mais sûre de ses fondamentaux
La catégorie « Artiste instrumental » a ainsi clairement donné l’avantage aux pianistes en récompensant Laurent Coulondre et Paul Lay. Soit l’eau et le feu répandus avec passion sur ces quatre-vingt huit touches que le jazz a fait siennes sans jamais finir d’en exploiter toutes les combinaisons.
Dans le domaine vocal, la distinction de Leïla Martial offre une prime à la singularité pour une voix qui, sans se couper de ce qui a précédé, a su s’aventurer dans des contrées sonores aussi diverses que malicieuses.
La France n’a jamais manqué de « grands » orchestres. Le Dal Sasso Big Band ne le prouve pas que par sa forme. Tandis que Magma ou le Trio Viret trouvent leur essence dans la dilatation permanente des espaces que ces formations explorent.
Au titre des albums distingués, la dernière ligne droite a été enlevée par Géraldine Laurent et son manifeste « Cooking ». Preuve qu’être saxophoniste en 2020 ne se résume pas à connaître ses gammes mais que l’inspiration est un moteur gourmand d’audace et de persévérance.
Si la pianiste Macha Gharibian et les saxophonistes Jon Boutellier et Christophe Panzani apparaissent dans la course des révélations, ce n’est qu’à l’aune de la confirmation des grands espoirs placés en eux. Eux qui ont su écrire sur la connaissance du passé leur propre futur.
C’est une nouveauté, les musiques du monde sont également conviées à la fête et c’est l’Andalouse Rocío Márquez qui ouvre le bal. L’artiste flamenca portant avec éloquence la flamme ardente d’une des traditions populaires les plus savantes. Ce que le jazz ne peut qu’apprécier !
A noter enfin, l’attribution d’une Victoire d’honneur à l’Orchestre National de Jazz, représenté par son directeur musical actuel, Frédéric Maurin ainsi que deux de ses illustres prédécesseurs, Claude Barthélémy et Franck Tortiller. Trois ambassadeurs chevronnés d’une formation devenue, au fil des ans, un acteur majeur du jazz en France.
Les Victoires du Jazz 2020, un documentaire réalisé par Thierry Teston
Diffusé le 24 octobre à 22h25 dans Passage des Arts, sur France 5