
Les bérets de Monk
Deux anecdotes sur Thelonious.
Photo : André Francis
Pour Citizen Jazz, André Francis se souvient de deux moments vécus avec Thelonious Monk.
André Francis, 92 ans, a amassé des milliers de clichés de musiciennes et musiciens de jazz, depuis plus de cinquante ans. Et réalisé des croquis, des dessins, des collages, des transferts… toutes sortes de techniques pour exprimer son admiration pour ces acteurs innovants du jazz.
Tous ces musiciennes et musiciens, il les avait devant lui, quasiment à portée de main et d’objectif. Il était programmateur, présentateur, producteur ou membre de jury. Il était leur ami parfois. Il les défendait surtout. Il les aimait. Un amour d’amateur, un amour de passionné. Un regard bienveillant, plein de tendresse. Mais aussi de malice, d’humour.
Il a conservé intacte la mémoire de ces rencontres et partage facilement quelques anecdotes concernant ces musicien.ne.s.
Pour Citizen Jazz, il se souvient de deux moments vécus avec Thelonious Monk.
- Thelonious Monk par André Francis
A l’issue d’un enregistrement solo pour le Club d’Essai (de Jean Tardieu), rue de l’Université, en 1954, Thelonious - avec la totalité de son cachet qui était très limité mais qui a pu lui être donné à la fin de l’enregistrement - a aussitôt couru acheter des bérets français, plein de bérets, pour ramener à ses amis musiciens new-yorkais.
Ajoutons en miroir cette citation de Jacques Ponzio : « Monk tête nue est chose si exceptionnelle qu’on ferait n’importe quoi pour le voir. C’est sans doute un peu comme de toucher le pompon des marins, ça doit porter bonheur… »
Lors d’un concert à la salle Pleyel, enregistré par l’ORTF, le son du piano s’arrête soudainement. Les techniciens n’entendaient plus l’instrument et commençaient à s’inquiéter dans la cabine d’enregistrement. Un micro défectueux ? Un câble débranché ?
A cette époque, il n’y avait pas encore de liaison vidéo avec la scène. Aussi André est descendu voir ce qui se passait et a découvert Thelonious Monk qui dansait tout seul sur le devant de la scène…
En grande joie !
On retrouve sur le site Jazz in France - Facts and Sources, très documenté, une sorte d’enquête minutieuse sur la venue de Monk à Paris en 1954.