Ce nouvel album d’Helen Svoboda marque l’actualité discographique australienne. The Odd River contraste fortement avec ses précédents disques en soliste, Vegetable Bass, Dormant I Lay, Peaking Ribbons et I Heard The Clouds.
En tant que compositrice, Helen Svoboda fait preuve d’une approche originale de l’écriture qui lui permet d’obtenir de nombreuses commandes d’artistes et d’ensemble musicaux. Son œuvre Space Junk a été interprétée par l’orchestre de guitares classiques Aurora Guitar Ensemble, composé de vingt-huit musiciens et présentée au Festival international de guitare d’Adélaïde
Très mélodieuse lors de ses interventions à la contrebasse, elle s’entoure dans cet album de sept instrumentistes. Le terme de concept album prend tout son sens : ce sont des climats qui s’installent progressivement et évoquent des textures chamarrées. Ces paysages sonores dévoilent des atmosphères en demi-teintes et plusieurs écoutes sont nécessaires pour percevoir les détails microscopiques des compositions.
« Pick Me » s’étire avec solennité tandis qu’« Interlude 1 » apparaît telle une brume matinale. Des similitudes avec l’identité musicale de Marc Hollander habitent « Oddities » et « Honeybee Warfare » où le saxophoniste Andrew Saragossi fait preuve d’ingéniosité. La musique minimaliste est sous-jacente avec des successions de courts motifs et l’atonalité est, quant à elle, subtilement contournée.
Le jeu à l’archet d’Helen Svoboda dans « Blue (pt1) » révèle son talent d’instrumentiste : confrontée à son instrument, loin de toute solitude, son voicing est nourri par l’émancipation.
Cette admirable contrebassiste a pour habitude de rendre hommage au peuple Wurundjeri qui fut maltraité par la colonisation britannique en particulier dans la région de Melbourne. En écrivant les mélodies de The Odd River, Helen Svoboda incarne l’espoir d’un épanouissement humain.