Chronique

Alba Obert

Kaleidoscope

Alba Obert (vln, voc, comp), Léo Tochon (dm, comp), Nicolas Fleury (b), Gaspard Berton (p)

Label / Distribution : Art District Music

Grâce soit rendue à Didier Lockwood qui par sa pédagogie et son investissement humain a donné l’envie à de jeunes violonistes de se lancer dans de nouvelles aventures musicales. C’est le cas pour Alba Obert qui signe avec « Kaléidoscope » son premier album. Le groupe est composé de Léo Tochon à la batterie qui se partage les compositions avec cette jeune violoniste, Nicolas Fleury à la basse et Gaspard Berton au piano complètent l’équipe très soudée.

Les compositions oscillent entre un jazz-rock électrique faisant écho à Mahavishnu Orchestra et à des groupes francophones tels que Surya de Didier Lockwood ainsi que Michel Ripoche sans oublier celle qui fut la pionnière du violon électrique en France, Debora Seffer.

La polyrythmie de la batterie et les interactions mélodiques du piano donnent un son d’ensemble très réussi. Ne manquons pas de souligner que cet album prolonge la tradition des cordes chères à notre pays avec les lointains échos de Stéphane Grappelli jusqu’à la contemporanéité de Didier Levallet.

Alba Obert cite volontiers Thom York ou Radiohead parmi ses influences ce qui se devine avec ses incursions vocales toujours appropriées. Son chant est envoutant et il délivre avant tout un climat créant des tensions se mariant ainsi avec les interactions musicales suggérées par ce groupe, nous ne pouvons qu’être impressionnés par la maturité de ces jeunes musiciens ce qui sous-entend une parfaite complicité entre eux. L’intégration de la culture musicale des Balkans et du rock électrique a également développé une sonorité propice à des improvisations esquivant toute forme de répétitivité.
La virtuosité s’incarne en particulier dans « Shakti Spirit », imprégnation au cœur de la musique carnatique indienne sans pour autant verser dans une démonstration malvenue ; belle réussite bénéficiant d’une sonorité extatique du violon.

C’est à un voyage enchanteur que nous convie Alba Obert et son quartet avec beaucoup de force persuasive. Son premier album est très convaincant, il déborde d’énergie et bénéficie d’une construction harmonique où priment les ponts jetés entre différentes frontières esthétiques. Nous avons hâte de découvrir la suite de « Kaléidoscope ».