Chronique

Mélanie de Biasio

Blackened Cities

Mélanie de Biasio (voc, fl), Pascal Mohy (p), Pascal Paulus (claviers), Sam Gerstmans (cb), Dré Pallemaerts (d), Bart Vincent (back voc)

Label / Distribution : PIAS

Mélanie de Biasio est l’une des chanteuses jazz les plus singulières de la scène jazz apparue ces dix dernières années.
Pas un mois ne passe sans qu’un label lance une nouvelle chanteuse.
Pour autant, de temps en temps, au milieu des cohortes de chanteuses accortes, une nouvelle voix, réellement surprenante et talentueuse se fait entendre. C’est le cas avec la belge Mélanie de Biasio. Tout juste trentenaire, elle avait publié un premier enregistrement époustouflant (A Stomach Is Burning, Igloo/Abeille). Ce dernier projet, Blackened Cities, est tout aussi ahurissant.
Il s’agit d’un hommage aux villes post-industrielles comme Manchester, Detroit ou Charleroi où elle a passé ses 18 premières années. Composer une suite de 25 minutes, souvent hypnotique, sur un long crescendo… au XXIe siècle, quand d’autres chroniquent leur vie en 140 signes !
Toujours le feu sous la glace avec Mélanie. Sa voix grave et sensuelle pourrait faire fondre ce qui reste de la banquise. Entourée de musiciens remarquables (avec qui elle a développé un rapport à l’improvisation « dans la présence et non dans la note », ainsi qu’elle l’affirme), elle ose les climats les plus ensorcelants avec un culot insensé. Le jazz vocal existait avant Mélanie de Biasio. Évidemment. Mais, à ce niveau-là d’originalité et de talent, ce n’est plus de sa séduction dont nous sommes victimes, mais d’un envoûtement !