Chronique

Mineral Paradoxe

Mineral Paradoxe

Bruno Wilhelm (s), Arnaud Cuisinier (cb), Edward Perraud (dr)

Label / Distribution : Quark

Le paradoxe minéral, c’est sans doute celui de la mobilité des électrons sous l’apparente inertie de la matière. Transposé au monde musical, cela donne une recherche sur le solide et le liquide, la masse et le mouvement, bref, sur les états de la matière sonore.

Mineral Paradoxe creuse la question à travers six plages improvisées où les trois instrumentistes déploient toute l’ampleur de leurs ressources, qui ne sont pas minces.

La tension qui anime le trio sur scène est, ici aussi, tangible. Les morceaux se caractérisent par des atmosphères – des consistances, pourrait-on dire - très distinctes, du chaos originel de « Mirage du mouvement » à la transparence liquide de « Des reflets », de l’état gazeux de « Mobile » au déferlement grumeleux de « Multiples ».

Edward Perraud multiplie les séquences longues et volontiers impaires – comme un souvenir de taal indien -, superpose les plans rythmiques, casse les mécaniques, joue de divisions irrégulières qui déstabilisent tout ce qui pourrait vouloir se poser. Bruno Wilhelm se déverse en salves éperdues dans un registre free que ne renieraient ni Ayler ni Ornette (« Vers la source ») mais retrouve aussi un son résolument jazz, notamment dans « Multiples ». Arnault Cuisinier, volontiers sombre et inquiétant, jouant de distorsions et de percussions sur la caisse ou les cordes, peut aussi proposer de longues périodes sereines à l’archet (« Des reflets »).

Il y a ceux qui cherchent et ceux qui ont trouvé, qui s’en tiennent là. Mineral Paradoxe est un trio de têtes chercheuses. De la nourriture pour vos neurones.