Chronique

Miroslav Vitous Group + Michel Portal

Remembering Weather Report

Miroslav Vitous (b), Franco Ambrosetti (tp), Gary Campbell (ts), Gerald Cleaver (dms), Michel Portal (cl basse)

Label / Distribution : ECM

Après ses Universal Syncopations 1 & 2, qui ont marqué son retour chez ECM au début des années 2000, le contrebassiste tchèque (né à Prague en 1947) présente ici une invocation de l’esprit d’improvisation radicale qui animait le mythique Weather Report, dont il fut l’un des co-fondateurs avec Wayne Shorter et Joe Zawinul) [1] ; il le quittera pour cause de désaccord avec l’orientation « fusion » que prenait le groupe sous l’impulsion du claviériste.

Le plus étonnant - et le plus intéressant - est qu’ici, à part ses « Variations on W. Shorter » (basées sur une citation de « Nefertiti »), Vitous évite délibérément les thèmes les plus emblématiques du jazz-rock. [2]. Cette musique « de souvenir », vagabonde, luxueuse autant que luxuriante, quoique souvent éthérée (« Semina »), voire austère (« When Dvorák Meets Miles », avec un Vitous impérial à l’archet), et libre sans être résolument free, est, paradoxalement, totalement acoustique. Ce qui renforce l’esprit de transgression voulu par un contrebassiste toujours aussi virtuose mais sans démonstration excessive. Surprenant, le trompettiste helvétique Franco Ambrosetti dans ce contexte où Michel Portal s’inscrit tout naturellement (« Blues Report ») ; hors pair, la rythmique (déjà présente sur les Syncopations), surtout Gerald Cleaver, batteur de Detroit que tout les musiciens convoitent actuellement, de Yaron Herman à Jacky Terrasson en passant par Raphaël Imbert.

Se souvenir de Miroslav Vitous, contrebassiste de légende.
Ne pas oublier Weather Report, groupe électrogénial.

par Jacques Chesnel // Publié le 13 juillet 2009

[1Sur les trois premiers albums : Weather Report (1971), I Sing the Body Electric (1972) et Sweetnighter (1973).

[2Lire à ce sujet l’indispensable Weather report de Christophe Delbrouck, Le Mot et le Reste, 2007)