Scènes

Mr Goliokov à Koa Jazz

Mr Goliokov, quartet belgo-montpelliérain, aux rencontres Koa Jazz


Jam session réitérée pour entamer la seconde semaine du festival Koa Jazz, ouverte cette fois par Mr Goliokov, quartet belgo-montpelliérain.

Encore une belle surprise avec ce groupe déchaîné, ses danses balkaniques et ses contes moyen-orientaux.

Rassemblés autour des compositions du trompettiste et bugliste Jean-Baptiste Delneuville, les musiciens de Mr Goliokov peignent des univers riches et variés. D’une lancinante ballade à neuf temps où la trompette danse, imperturbable, au-dessus du ballet rythmique étonné, jusqu’à la brutalité franche de « Goliokov », tourment anxiogène qui a donné son nom au groupe, le son est utilisé comme vecteur de sensations fortes.

Le quartet nous fait voir du pays, à commencer, donc, par l’Europe de l’Est - les Balkans, la Grèce, la Turquie. Mais on ne perd jamais New York des yeux : la culture jazz est omniprésente dans son langage. Bien souvent l’Orient se dessine à l’horizon, et les sonorités arabes ancrées dans le jeu de Delneuville rappellent sans équivoque un célèbre trompettiste libanais… le son, le phrasé, les inflexions, les nuances, parfois même les thèmes sont empreints d’influences maaloufiennes.

Chacun apporte une touche particulière à l’ensemble ; Guilhem Verger, dont on a plus souvent l’occasion d’entendre les talents de saxophoniste, souligne les accents de son accordéon déjanté en chantant ses mélodies à l’unisson ou en faisant de sa voix le troisième clavier de l’instrument.

Joan Eche-Puig passe du pizzicato à l’archet pour que sa contrebasse porte l’atmosphère à sa juste couleur. A la batterie, Maxime Rouayroux utilise ses mille mains avec une finesse puissante et sait faire peu à peu monter une énergie sans qu’on sache à quel moment il est passé des mailloches aux baguettes. Derbouka, caisse claire frappée à la main… il adapte remarquablement son jeu et son son aux discours de ses comparses.

L’orchestration en elle-même est singulière, à commencer par l’accordéon, peu représenté dans le jazz. Le mélange avec le phrasé oriental de la trompette et le set de batterie aux sonorités imprégnées de musiques arabes donne toute sa personnalité à l’esthétique Goliokov. Chaque morceau est un univers à part entière et au fil d’un concert plus que réjouissant, on passe sans cesse du sursaut à la sérénité.