Portrait

Nelson Veras

Un jeune guitariste brésilien surdoué à (re)découvrir d’urgence.


Jeune guitariste brésilien surdoué, on avait pu le découvrir en France aux côtés du batteur Aldo Romano dans le milieu des années 90. Après un bref retour au Brésil, Nelson Veras se produit et habite de nouveau à Paris.

Comment ne pas être impressionné par la dextérité et la douceur mélodique de ce jeune musicien de vingt-trois ans ? Nelson Veras n’utilise pas de médiator mais joue avec les ongles de tous les doigts de la main droite. Il développe ainsi les possibilités harmoniques et rythmiques de la guitare. On ne le voit pas battre la mesure avec son pied ou une autre partie du corps. Il intériorise et domine complètement le tempo. Tel un poète, il nous conte des histoires aux chaudes couleurs brésiliennes teintées de swing.

Né à Salvador de Bahia le 6 août 1977, Nelson Veras arrive en France en 1992, à peine âgé de quatorze ans. Il s’adresse au pianiste, compositeur américain Jeff Gardner, installé également à Paris à ce moment-là, pour prendre des cours d’harmonie. Celui-ci étonné par les connaissances de l’adolescent, lui propose de rejoindre son groupe pour le lancement du disque “Sky dance” et lui demande également de participer deux ans plus tard à l’enregistrement de “Second home”. Nelson réalise ainsi son premier disque.

Frank Cassenti est l’initiateur de deux des rencontres les plus importantes : en 1992, à Marciac avec le guitariste Pat Metheny, rencontre retracée par le réalisateur dans son documentaire, “Just a dream” et en 1993 avec Aldo Romano. A partir de cette année-là, le batteur présente régulièrement le jeune guitariste au public parisien. Nelson alors âgé de seize ans forme son quartette comprenant Aldo Romano, Michel Benita (cb) et Éric Barret (sax). En 1996, Aldo Romano lui consacre l’album “Intervista” et lui dédie une composition “Pelourinho”, du nom d’un quartier pauvre de Salvador de Bahia.

Après 96, Nelson intègre le sextette de Michel Petrucciani, “Michel Petrucciani et ses jeunes lions”, comprenant Detlev Beier (b), Flavio Boltro (tp), Olivier Ker Ourio (hca) et Manhu Roche (d). En 1997, il fait un passage de six mois à la classe de jazz du Conservatoire national supérieur de musique de Paris et retourne au Brésil en 98. Dans son pays natal, Nelson trouve très peu d’engagement. Il est selon lui difficile d’intéresser le public brésilien quand on joue uniquement du jazz et de la musique instrumentale. Il se marie, termine ses études scolaires qu’il avait interrompues à Paris en 1996 et repart en France vers la fin de l’année 99.

Depuis, le guitariste se produit avec la formation de son ami flûtiste Magik Malik, rencontré dès le début de son premier séjour parisien ainsi qu’avec le quartette de Manhu Roche. Nelson a également formé un trio avec Gildas Boclé (cb) et Marcello Pellitteri (d). Ils viennent d’enregistrer au début de ce mois de mai 2001. Le répertoire, composé de morceaux brésiliens et de standards de jazz, reflète les principales influences musicales de Nelson. Il affirme ne pas écouter beaucoup de guitaristes et cite parmi ses références pour la musique brésilienne Milton Nascimento(voc, g) et Toninho Horta (voc, g) ou Keith Jarrett (p) et Wayne Shorter (sax) pour le jazz. Son trio ne s’est produit que cinq fois. On espère que le disque attirera davantage l’attention des programmateurs de clubs.

Discographie :
Jeff Gardner, “Second home”, 1994, Musidisc 500722
Aldo Romano, “Intervista”, 1996, Verve 5371962
6 1/2, “New York-Paris-Nice”, 1997, Dreyfus Jazz FDM 365842
Magic Malik Orchestra, “69 96”, 2000, label bleu LBLC6632HM83
Olivier Ker Ourio, “A ride with the wind”, 2001, Naïve Y 226130