Chronique

Alexandra Grimal

Nāga

Alexandra Grimal (comp, ts, ss, voix, textes), Lynn Cassiers (voix, textes, live electronics), Marc Ducret (el-g, voix), Nelson Veras (g), Jozef Dumoulin (fender, live electronics, p), Benoît Delbecq (p), Stéphane Galland (dm)

Label / Distribution : Ovni

Alexandra Grimal, Lynn Cassiers, leurs compagnons de route (voir personnel détaillé) n’ont livré aucune clé d’écoute lors de la publication de ce magnifique Nāga, et c’est très bien ainsi. Car on n’en finirait pas… Et nous ne sommes pas là pour descendre dans les soutes où s’élabore l’oeuvre, mais pour en jouir pleinement, sur le pont et à l’abri des machines. Pour filer la métaphore nautique, je dirais : « immergez-vous ». D’ailleurs vous n’avez pas le choix. Ici, tout n’est que mise en regard de l’océanique et du cristallin, contrastes assumés entre l’onctuosité et la pointe, superposition du crémeux et de la pâte. Un vrai gâteau, un vrai cadeau, ce double disque.

Même admirable, et gonflé. Car il faut de l’assurance pour écrire tout ça et laisser passer entre les portées le ou les textes, et toute cette liberté instrumentale qui est le jazz même. Alors on retiendra dans le premier CD l’étonnante présence timbrée de la voix et de la guitare de Marc Ducret, et dans l’ensemble de l’œuvre les filaments infiniment subtils tissés entre les voix et les souffles, et les perles pianistiques de Dumoulin et Delbecq. Nelson Veras est là, d’une légèreté de patte qui force l’écoute, et Stéphane Galland qui sait parcourir l’étendue creusée entre le vent et la battue. On se réjouit de vivre une époque qui peut produire ça - et je pense aussi à tous ceux qui rendent un tel projet réel.