Chronique

Paolo Angeli

Talea

Paolo Angeli (guitare sarde arrangée)

Label / Distribution : AnMa

Drôle d’objet que cet instrument situé quelque part entre la guitare traditionnelle, la guitare baryton et le violoncelle. Agrémenté de pédales diverses et variées, il transforme Paolo Angeli en homme orchestre. Mais on aurait tort de s’extasier devant cet instrument singulier car celui-ci est au service d’une musique bien plus qu’il n’est un objet de démonstration. Reste qu’il est à l’image de la musique de Paolo Angeli puisque cette guitare sarde arrangée – ou mieux encore transformée – constitue la rencontre entre traditionnel et avant-gardisme. Ce double album de plus de deux heures enregistré en public lors d’une tournée mondiale en 2015 et 2016 est en effet, selon les termes mêmes du guitariste, « un hommage à (s)es racines sardes et leurs re-visitations contemporaines ». Pour mener à bien cet objectif, Paolo Angeli associe ses expériences sensibles – il cite entre autres le chant du muezzin en Tunisie, des applaudissements chaleureux à Addis Abeba – et sa mémoire.

Tant par cette instrumentation hors norme que par ce mélange entre musique traditionnelle et musique avant-gardiste, Talea est un album qui surprend. Il est en effet très loin de ce qu’on a l’habitude d’entendre. De fait, il nécessite beaucoup de concentration. C’est en effet à cette condition qu’on s’en imprègne avec le respect qu’on doit aux objets d’art car c’est bien de cela qu’il s’agit ici.