Chronique

G !rafe & Bruno Girard

Panier sur la tête

Bruno Girard (voc), Nicolas Naudet (clb, cigar box, g, hca), Stéphane Hoareau (g), Théo Girard (b), Eric Groleau (d)

Label / Distribution : Discobole Records

G !rafe ? Quel drôle de nom, pourquoi pas libellule ou papillon ? En fait, peu importe l’intitulé de ce groupe. Il a été choisi presque au hasard tout comme le point d’exclamation en lieu et place du « i ». En revanche, plus significatif, la formation est issue de la Compagnie du Discobole, fondée en 2001 par Théo Girard qui en partage la direction artistique avec Stéphane Hoareau et Jean-Philippe Feiss. On ne dira pas qu’il s’agit d’une structure alternative mais, depuis quinze ans maintenant, ils promeuvent des projets éloignés des grands circuits de diffusion et, selon le principe que moins on est tributaire, meilleure sera la production, ont fondé un label du même nom. Le catalogue est donc d’excellente facture et l’esthétique du second album de G !rafe épurée du vernis du showbiz.

A l’initiative de Stéphane Hoareau, qui a traduit les textes du créole au français, le projet s’appuie sur la diction grave de Bruno Girard, ex-chanteur et violoniste de Bratsch, qui récite, en leur rendant hommage, certains écrits du poète réunionnais Alain Péters, ainsi que sur une musique pleine de rock. On y découvre un univers psychédélique fait de vagabondages et de souffrances. Il y est question de larmes, d’alcool, d’embrouilles, de rhum, de sacs de douleurs. Souvent, la musique y est dure, soutenue par la batterie énergique d’Eric Groleau et la guitare obsessionnelle de Stéphane Hoareau. La sonorité de l’harmonica de Nicolas Naudet y contribue de manière pertinente en donnant un cachet plein d’affection. Elle est en adéquation avec le tourment qu’expriment les textes qui sont au centre du projet. Le guilleret « Rest’la maloya » clôt ce disque. Mais, derrière ce petit air léger, ne nous y trompons pas, Bruno Girard termine avec un lapidaire « je sais que pour moi ce sera difficile mais je ne voudrais plus retourner à l’asile ». Saisissant.